La violence a atteint des sommets vertigineux en Haïti, notamment dans les bidonvilles du pays, devenus des viviers de criminalité et de tuerie. La circulation des armes à feu et la prolifération des gangs armés, conjuguées avec la complicité des hommes politiques, a mitraillé toute tranquillité dans les grandes villes du pays.
Hier encore, un communiqué de l’Onu a annoncé qu’entre le 7 et le 17 juillet, 471 personnes ont été tuées et blessées dans le quartier de Cité Soleil, dans des violences entre bandes criminelles. « Des femmes et des filles ont été violées et des petits garçons ont été recrutés dans les gangs ».
Plus de 3000 personnes ont quitté leur domicile. Ceux qui sont restés endurent une situation catastrophique : les centres de soins sont fermés, le personnel médical ne parvient pas à accéder à la zone et tout manque : l’eau, la nourriture ou encore les produits d’hygiène.
L’ONU, dans son communiqué, déplore cette terrible situation et appelle « toutes les parties à mettre fin à la violence meurtrière et à rester engagées à maintenir un corridor humanitaire ouvert vers Cité-Soleil, afin de permettre un accès sans entrave à l’aide humanitaire et médicale d’urgence aux civils dans le besoin ».
Des associations et des personnalités haïtiennes sont encore davantage inquiètes pour la sécurité des habitants. « Chaque minute qui passe est un danger pour eux, s’alarme Printemps Bélizaire, ancien député de la 3e circonscription de Port-au-Prince. Expliquant que « les habitants sont transformés en boucliers humains, à chaque fois qu’un gang attaque son rival, comme c’est le cas en ce moment ».
Cité Soleil est une « poche criminelle » au cœur de la capitale, qui fait régulièrement la « Une » des journaux haïtiens. Chacun de ses quartiers appartient à une groupe armé et chaque groupe ferraille pour s’emparer du territoire de l’autre. Selon nos information, ils sont cinq gangs à sévir dans le bidonville.
Combien sont-ils dans le pays ? Les derniers chiffres de la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR), en 2019, évoque « 76 milices criminelles dans le tissu urbain ». Et partout où elles passent, elles laissent de vilaines séquelles dans le paysage.
Récemment encore, un groupe de cinq bandes organisées a attaqué le quartier de la Saline, faisant 26 morts, trois blessés, deux victimes de viols collectifs. Cinq mois plus tard, une autre attaque armée a fait au moins 5 morts et plusieurs blessés à Carrefour-Feuille, au cœur Port-au-Prince. Mais aucun des auteurs n’a été arrêté.
En Haïti, les gangs jouissant d’une grande impunité. Certains, d’après Marie Yolène Gilles, responsable de la Fondation Je Klere, sont même appuyés par des politiciens et des hauts fonctionnaires de la police nationale. Ces derniers temps, d’ailleurs, plusieurs plaintes ont été déposées par les familles des victimes contre d’anciens députés et ministres du gouvernement de l’ex-président Jovenil Moïse, lui-même assassiné l’année dernière. ils sont accusés d’avoir comploté et ordonné le massacre de la Saline. Mais aucune d’elles n’a abouti.