Mon chauffeur contourne, in extremis, une carcasse de voitures calcinées et échoue dans un dédale des petits chemins. Devant nous, une montagne de tôles ondulées : Cité Soleil, un bidonville de Port-au-Prince, la capitale haïtienne. C’est là où ces dix derniers jours, 500 personnes ont été blessées et tuées, dans des affrontements entre les gangs, qui contrôlent le quartier.
Soudain, un homme nous ordonne de rebrousser chemin, en agitant son flingue. Peut-être un 9mm. Je tente une négociation, il bombe le torse. Le chauffeur s’excuse et lève l’encre. Sur la route, il m’explique : « C’est un jeune gardien, qui a dû être recruté il n’y a pas longtemps par son gang. Il a tout intérêt à faire du zèle pour monter dans l’appareil de sa bande… ».
Retour dans le centre de Port-au-Prince. Il est 21 heures, il fait nuit. Les rues sont vides et tristes. Maintenant, le voile noir tombant a balayé les derniers signes de vie dans la cité. Port-au-Prince est seul, avec ses chiens errants et ses tueurs embusqués.
Au petit matin, la capitale retrouve
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