Limoges : Le maire a parlé. Trop…

Limoges, Val de l’Aurence. Deux nuits, la mi-juillet. Une centaine de jeunes, des cagoules, des projectiles. Des policiers visés. Neuf blessés. Une enquête est en cours. On parle d’attroupement armé, de violences, de dégradations. Pas de revendications. Pas de revendiqués. Juste des images, des bilans, et du silence.

 

Puis le maire a pris la parole.

 

Il n’a pas parlé de tensions sociales. Ni d’échec des politiques de la ville. Ni de dialogue rompu. Il a dit : « Beaucoup sont musulmans salafistes intégristes. » Il a parlé de « mexicanisation des quartiers ». Il a dit que l’idéologie musulmane s’ajoutait à celle de la gauche et de l’extrême gauche. Un cocktail, selon lui. Pas Molotov. Culturel.

 

On aurait pu croire à un dérapage. Mais non. Il a continué. Il a dit :
« Quand on considère les gens comme des bêtes et qu’on les laisse libres comme des bêtes, ils ont des comportements de bête »
Il a dit ça dans Boulevard Voltaire. Pas une radio locale. Pas à chaud. Devant un micro choisi.

 

Quatre de ses adjoints ont réagi. Pas bruyamment. Juste assez pour dire qu’ils ne veulent pas être associés. Une élue PS a parlé de propos « dangereux ». Le député Damien Maudet a saisi le procureur pour injure publique. Article 40. Le droit dit ce que la décence aurait dû suffire à régler.

 

Le maire n’a pas corrigé. Il n’a pas précisé. Il n’a pas tempéré. Il n’a pas dit qu’il regrettait. Il a maintenu. Il assume. C’est le mot à la mode quand on n’écoute plus.

 

Dans son discours, il n’y a ni faits, ni chiffres. Juste des impressions. Des catégories. Un enchaînement rapide entre des violences, une religion, une idéologie, un quartier. On appelle ça un récit. D’autres diraient un réflexe.

 

Il parle beaucoup d’ordre. Il est aussi mis en examen, depuis mai, pour harcèlement moral et sexuel. Cinq plaignants. Il dit que cela n’a rien à voir. Il dit que la justice fera son travail. Il parle en homme tranquille.

 

Dans le quartier, personne n’a été surpris. Ce n’est pas la première fois qu’on les décrit ainsi. Bêtes. Autres. Responsables de ce qu’on a cessé de comprendre. On s’habitue à être visé, disent certains. Le plus dur, c’est quand ça ne choque même plus.

 

Le maire, de son côté, continue. Il dit qu’il faut nommer les choses. Il ne nomme jamais la pauvreté, ni l’abandon, ni la lassitude. Il nomme autre chose. Et ceux qui écoutent savent très bien de quoi il parle. Surtout ceux qu’il ne nomme pas.

 

 

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