Turquie : Les couloirs de l’humour

Faire une vanne sur un hadith, en Turquie, c’est comme avaler un verre de travers : ça étouffe. Bogac Soydemir, humoriste franco-turc, et le rappeur Enes Akgunduz en ont fait l’amère expérience. Sur YouTube, ils lisent un commentaire moqueur du hadith « le vin est la mère de tous les maux ». Rire bref, polémique immédiate, tribunal expéditif. Les procureurs parlent d’« incitation à la haine religieuse », les deux hommes jurent au contraire qu’ils n’ont fait que répéter une boutade d’internaute. Vidéo supprimée, excuses servies… mais trop tard : la justice turque n’aime pas le second degré.

 

Ce n’est pas un cas isolé. La Turquie d’Erdogan raffole de ces procès où l’humour est classé au rayon des délits. Le magazine satirique Leman a déjà vu ses dessinateurs arrêtés pour un croquis jugé blasphématoire. À Ankara, l’humour se déguste désormais au tribunal, menotté et tiède, pendant que le président transforme chaque sourire en crime d’État.

 

Moralité : si le vin est la mère de tous les maux, la blague est bien la fille unique de la prison. Et tant qu’Erdogan se prendra pour le sommelier en chef du palais, chaque trait d’esprit finira bouchonné derrière les barreaux.

Soutenez une information libre et indépendante


Vos abonnements et dons financent directement notre travail d’enquête. Grâce à vous, Le Correspondant peut rester libre, indépendant et sans compromis.
Leco en image

Full Moon

Borderline est une émission du Correspondant, présentée par Tristan Delus. Cette fois, il vous emmène en mer de Chine, à la découverte de l’une des fêtes les plus folles du monde, pour la pleine lune : la Full Moon Party. Chaque mois, ils sont des milliers à s’y rendre, ils viennent de France, d’Amérique ou du Moyen Orient. Avec une seule règle : s’éclater jusqu’au lever du jour. Et sans modération !

Suivez-nous

l’instant t

Macron ressort le même plat : Lecornu réchauffé

Le Premier ministre démissionne lundi, revient vendredi, et promet du “renouvellement” lundi. À l’Élysée, on appelle ça la continuité de l’État. En Français, ça s’appelle

Retailleau entend des voix

Bruno Retailleau jure qu’il a entendu le peuple lui confier les clés de Matignon. Problème : avec 64 députés, la droite qu’il dirige n’a pas

Le macronisme fait son Borne-out

La Macronie, c’est un peu comme un sketch de Raymond Devos revisité par Kafka : on ne sait plus qui gouverne, qui obéit, ni pourquoi.