Ce vendredi 24 octobre 2025, la cour d’assises de Paris a tranché : Dahbia Benkired passera le reste de sa vie derrière les barreaux. Reconnue coupable du meurtre, du viol et des tortures infligées à Lola Daviet, la jeune femme de 27 ans a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible. Une première pour une femme dans l’histoire judiciaire française. L’interdiction définitive du territoire français s’ajoute au verdict. « La cour a considéré que ce qu’a subi la victime relevait d’un véritable supplice », a déclaré le président, grave.
Six jours d’audience. Six jours de douleur et de sidération. Entre les sanglots étouffés d’une famille détruite et les propos décousus d’une accusée perdue, magistrats et jurés ont suivi les réquisitions de l’avocat général, qui avait insisté sur « l’horreur absolue » du crime et la personnalité « profondément inquiétante » de celle qui l’a commis. Une heure trente-sept de bascule, un huis clos de barbarie sur une fillette de douze ans à peine entrée dans la vie.
« Le mal. Ce mal. N’existe pas »
Face à l’irréparable, la défense a tenté l’exorcisme. Pas de soutane, mais une toge. Pas d’eau bénite, mais des mots. Pendant plusieurs heures, Me Alexandre Valois a cherché à réintroduire l’humanité dans l’horreur. « Ce raisonnement selon lequel l’homme peut naître mauvais, naître monstre, n’est que foutaise. Le mal. Ce mal. N’existe pas », a-t-il martelé, la voix presque pastorale. Il voulait que Dahbia Benkired — visage bouffi, regard vide — soit jugée comme une femme, non comme une incarnation du démon.
L’avocat a ensuite remonté le fil d’une existence éreintée : enfance violente, exploitation sexuelle, humiliations successives. « Dahbia n’a été, tout au long de sa vie, qu’une ombre flottante, broyée par la misère et les hommes », plaide-t-il. Le portrait d’une dérive humaine, pas d’un monstre.
« Si les juges étaient plus justes, le criminel ne serait pas coupable »
Dans sa plaidoirie, Me Valois conteste les accusations de torture et d’actes de barbarie : « Ce qui les caractérise, ce sont les souffrances ressenties par la victime. Or, les expertises montrent que Lola avait perdu connaissance au bout de trente secondes. » Selon lui, Dahbia Benkired n’a frappé qu’un corps déjà inanimé. « Elle est coupable de meurtre, elle est coupable de viol. Mais pas de torture. Pas de barbarie. Elle n’est pas coupable de son enfance ni de sa déshumanisation », conclut-il, citant Dostoïevski : « Si les juges étaient plus justes, le criminel ne serait pas coupable. »
Avant de regagner son box, l’accusée lâche quelques mots : « Je demande pardon. C’est horrible ce que j’ai fait. »
Le silence après la tempête
À 18 h 42, la sentence tombe. Perpétuité réelle. Une onde traverse la salle : sanglots, murmures, regards vides. Delphine Daviet, la mère de Lola, s’effondre dans les bras de son fils. « On l’a eue… », souffle-t-elle, brisée mais soulagée. Les juges ont quitté la salle depuis longtemps ; le public reste figé face à ce duo étreint, silhouette blanche au milieu du silence.
Dans son box, Dahbia Benkired demeure impassible, poupée sans larmes. Elle a dix jours pour faire appel. Mais ce soir-là, la justice française a définitivement fermé le couvercle sur l’un de ses crimes les plus insoutenables.






