Trois jours après les révélations de Mediapart sur ses notes de frais en Dior et Burberry, Anne Hidalgo dégaine la contre-attaque : une plainte contre X pour « dénonciation calomnieuse ». Pas question de contester le prix des robes, mais bien de traquer les vilains dénonciateurs qui auraient osé sortir les factures.
Couture diplomatique
Depuis 2020, la maire de Paris aurait aligné 84 200 euros en frais de représentation textile : robe Dior à 6 320 euros, manteau Burberry à 3 067 euros, blouse à quatre chiffres, veste assortie. À l’addition, il faut ajouter 125 000 euros de déplacements. Une ardoise qui ferait pâlir n’importe quel Parisien coincé entre un Navigo à 86,40 euros et un studio hors de prix. Mais pour l’Hôtel de Ville, tout cela relève de la « diplomatie vestimentaire » : la haute couture française comme ambassade à boutons-pression.
Plaintes et contre-plis
Pas de mea culpa, mais un coup de ciseaux judiciaire. La maire socialiste estime qu’elle est victime d’une « campagne calomnieuse » et espère que son offensive permettra d’identifier les « fauteurs de fuites ». Autrement dit : les notes de frais sont vraies, mais leur diffusion serait une injustice plus grave encore.
Dans une époque où la transparence est scrutée au centime près, l’explication par la « représentation de la France à l’étranger » a du mal à passer. Ses opposants dénoncent une élue coupée du quotidien des habitants, où les manteaux ne viennent pas de Burberry mais des soldes de Monoprix.
L’art du contre-fil
Reste à savoir si cette stratégie judiciaire suffira à recoudre son image. En politique comme en couture, une couture trop voyante trahit souvent la retouche. Et si Hidalgo espérait détourner l’attention de ses dépenses en attaquant les dénonciateurs, elle risque surtout d’offrir à ses adversaires une nouvelle métaphore : une maire qui préfère aligner les tailleurs plutôt que les comptes.
En attendant, Paris s’endette, les Parisiens râlent… et Dior se frotte les mains.