Madrid et Tel Aviv jouent à celui qui claque la porte le plus fort. Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol et socialiste intrépide, vient de sortir le grand jeu : embargo sur les armes à Israël, interdiction des navires militaires dans ses ports, sanctions contre les complices présumés du « génocide », et une petite chasse aux produits venant des colonies. Bref, tout ce qui fait froncer les sourcils de Netanyahu et de ses ministres d’extrême droite, Sánchez le fait avec un sourire satisfait.
Réponse israélienne immédiate : Gideon Saar accuse l’Espagne d’« anti-israélisme » et d’« antisémitisme », histoire de détourner l’attention des possibles casseroles judiciaires entourant des proches de Sánchez. Et pour couronner le tout, deux ministres espagnoles, Yolanda Díaz et Sira Rego, se voient interdites de séjour à Tel Aviv, parce qu’avoir l’audace d’être de gauche radicale et un tantinet palestinienne, ça ne passe pas à Jérusalem.
Face à ce cirque, Madrid réplique en rappelant son ambassadrice pour consultations et en affirmant que le droit international et les droits humains ne sont pas négociables… même si Netanyahu et Saar semblent penser qu’ils le sont. Pendant ce temps, les chiffres continuent de rappeler l’horreur : 1.219 morts en Israël et 64.300 à Gaza, dont la majorité sont femmes et enfants, selon l’ONU.
Et comme si cela ne suffisait pas, les manifestations propalestiniennes en Espagne perturbent jusqu’à la Vuelta, le tour cycliste national, où l’équipe Israel-Premier Tech pédale pour Sylvan Adams, milliardaire israélo-canadien. Entre embargo, manifestations et vélo, Madrid joue la diplomatie comme un match de cyclisme : brutal, sans pitié, mais avec une belle dose de panache et d’humour noir