Le passeport algérien est-il devenu une contrebande diplomatique ?

Chaque semaine, Le Correspondant interroge une personnalité fictive qui dit tout haut ce que d’autres pensent très bas – ou qu’ils n’oseraient même pas murmurer. Aujourd’hui, Bernard Foirel, technocrate de l’ombre à l’imagination préfectorale sans limite, nous explique pourquoi le passeport algérien pourrait bientôt être rangé entre les prospectus et les fausses cartes de fidélité. À sa manière : froide, kafkaïenne, et presque réaliste.
Tout ce qui suit est faux, sauf ce que vous avez cru vrai.

 

 Le Correspondant (LC) : Bonjour Bernard Foirel. D’après Europe 1, la France envisage de ne plus reconnaître les passeports algériens. On sent poindre une crise diplomatique… ou un sketch de très mauvais goût ?

 

Bernard Foirel (BF) : Ni l’un ni l’autre. Nous sommes entrés dans ce que j’appelle la diplomatie de la photocopie inversée. Les Algériens impriment des passeports, nous déchirons des conventions. C’est un échange équitable. Le ministère cherche juste à clarifier : est-ce un vrai document ou un simple effet d’annonce made in El Mouradia ?

 

LC : Mais enfin, ces passeports sont légaux… délivrés par un État souverain.

 

BF : Oui, tout à fait. Et la clémentine de Tlemcen est aussi un fruit souverain, mais ce n’est pas pour autant qu’on en fait des pièces d’identité. Le vrai problème, c’est la production en masse. À ce rythme, le consulat d’Alger à Toulouse devrait être requalifié en usine à papiers.

 

LC : Vous dénoncez un contournement de la réciprocité diplomatique ?

 

BF : Disons que dans la balance, nous avons les expulsions, eux les réinsertions express. À chaque sans-papiers que nous tentons de renvoyer, ils nous répondent : “il vient de naître administrativement chez nous, regardez, on a un papier tout frais”. C’est de la natalité bureaucratique.

 

LC : Le ministre Bruno Retailleau parle de “centaines de passeports” distribués à des personnes en situation irrégulière. Vous confirmez ?

 

BF : Ce n’est plus une fuite, c’est une marée. On a vu des passeports sortir plus vite que des pains au chocolat. Si vous avez une adresse algérienne — ou même juste un souvenir de couscous — vous êtes éligible à un passeport d’urgence valable un an. C’est du click & collect consulaire.

 

LC : Et donc la solution, c’est de ne plus reconnaître les passeports algériens ?

 

BF : C’est en tout cas la piste la plus sérieusement absurde sur la table. On envisage de faire comme avec les billets de Monopoly : on les regarde, on les soupèse, on les déclare “non opposables à l’ordre républicain”, et on les range dans un tiroir. Simple, clair, humiliant.

 

LC : On peut imaginer des conséquences diplomatiques ?

 

BF : Bien sûr. Tebboune criera à la néocolonisation, Macron fera mine de s’offusquer, et pendant ce temps, Gérald [Darmanin] se frottera les mains en expliquant que la souveraineté, c’est aussi une affaire de papier. On risque même une rupture d’accords avec l’Union européenne. Mais franchement, entre un traité d’association et un passeport en carton glacé, on sait où est le vrai levier politique aujourd’hui.

 

LC : Une question personnelle pour finir : vous avez déjà eu un passeport algérien ?

 

BF : Non, mais j’ai un ami qui a obtenu le sien sans l’avoir demandé. Il a reçu un SMS : “Votre passeport algérien est prêt. Merci de ne pas venir le chercher, il vous parviendra par drone.”

 

Prochaine victime : à découvrir dès qu’on aura fini d’éplucher les communiqués absurdes des ministères.

 

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