Alors que les États-Unis semblent glisser lentement mais sûrement vers une relecture dystopique des années 30, Donald Trump — président d’une Amérique qu’il confond régulièrement avec sa télé-réalité préférée — a ordonné ce samedi 26 septembre le déploiement de l’armée dans Portland, quatrième ville à recevoir l’honneur de sa croisade personnelle contre « la criminalité démocrate ».
« J’autorise aussi l’usage de la force maximale si nécessaire », a-t-il balancé sur sa plateforme Truth Social, ce repaire numérique où la vérité est aussi souple qu’un tweet présidentiel. Sans surprise, aucune précision sur ce que cela signifie. Des drones ? Des grenades lacrymogènes à parfum MAGA ? Un bombardement de burgers McDo ?
Le président-influenceur de la Maison Blanche a justifié cette décision par la présence de « terroristes intérieurs » — entendez : des militants antifa et des manifestants pro-immigration — qui, selon lui, assiègent les bureaux de l’ICE (la police de l’immigration) comme s’il s’agissait d’un fort confédéré. Le tout dans une ville qu’il décrit volontiers comme un « champ de ruines anarchiste », bien qu’elle continue d’abriter des librairies, des cafés vegan, et un club de tricot féministe.
Militaire ou marketing ?
Ce nouveau déploiement militaire à Portland fait suite à une série d’interventions similaires : Memphis, Los Angeles, Washington… Toutes des villes gouvernées par des démocrates. Toutes épinglées par Trump comme étant des foyers du « déclin civilisationnel ». Traduction : là où l’on ne l’applaudit pas à deux mains.
Le président a d’ailleurs classé le mouvement Antifa comme « organisation terroriste », histoire d’ajouter un tampon rouge sur un dossier déjà bien enflammé. Une décision juridiquement absurde, mais politiquement efficace : elle lui permet de rejouer son grand classique « loi et ordre », sans passer par la case Congrès.
Une Ryder Cup et des tanks
Cerise sur le gâteau de l’absurde : alors qu’il annonçait l’envoi de troupes, Trump assistait tranquillement à la Ryder Cup, casquette vissée sur la tête, dans un golf à Farmingdale (New York), probablement en train de se féliciter de son swing et de sa guerre contre les gauchistes en shorts cargo.
On retiendra donc ce week-end comme un épisode de plus dans cette série nationale où l’homme le plus puissant du monde gouverne à coups de posts en majuscules, de menaces de guerre civile et de nostalgie pour un ordre imaginaire qu’il n’a jamais contribué à construire.
Peut-être celui de Pete Hegseth, ministre de la Défense improvisé et ancien commentateur sur Fox News, désormais chargé d’exécuter les humeurs martiales du commandant en tweet. Le tout, dans un silence inquiétant du Congrès républicain, plus occupé à discuter du prochain badge à coller sur Hunter Biden que de l’envoi de l’armée contre des manifestants.
Le trumpisme continue. Prochain épisode ? Peut-être une frappe préventive sur Berkeley pour cause d’étudiants trop woke. Ou un décret bannissant les sandwichs sans viande. Restez connectés.