La Cour de cassation vient de refermer la porte Bygmalion sur Nicolas Sarkozy, confirmant sa deuxième condamnation pénale définitive au moment même où l’ancien président s’apprête à rejouer sa liberté devant la justice. Entre bracelet électronique retrouvé, appel explosif dans l’affaire libyenne et risque de révocation de sursis, la mécanique judiciaire s’enclenche et pourrait, cette fois, ne plus le laisser respirer.
Nicolas Sarkozy peut encore sourire aux photographes, mais la Cour de cassation vient de lui rappeler que, dans la justice française, les portes ne se referment jamais vraiment — parfois juste un peu plus lentement pour certains. Ce mercredi 26 novembre, la plus haute juridiction a rejeté son pourvoi dans l’affaire Bygmalion. Rideau. La condamnation est désormais définitive. Deuxième au compteur, après les écoutes. Et avant la troisième manche, annoncée pour le printemps prochain, dans l’interminable dossier du financement libyen.
Dans Bygmalion, l’ancien président n’était pas accusé d’avoir tenu les stylos qui maquillaient les factures, mais d’avoir été le principal bénéficiaire d’une campagne présidentielle de 2012 devenue hors de contrôle : 43 millions d’euros dépensés, pour un plafond légal de 22,5. De quoi offrir des meetings en Dolby Surround à l’époque où l’UMP s’appelait encore UMP. Verdict : douze mois de prison, dont six avec sursis, aménageables sous bracelet électronique. En clair, Sarkozy retourne au régime « pas de sortie après 19h ». La géolocalisation est devenue un rituel judiciaire : il a déjà porté le bracelet entre février et mai 2025 pour l’affaire des écoutes — un an ferme sous surveillance électronique, confirmé définitivement en décembre 2024.
Depuis sa sortie de prison le 10 novembre dans le dossier libyen, il était sous contrôle judiciaire, la présomption d’innocence lui offrant encore une petite marge d’oxygène. Pas une faveur : une mécanique classique. Tout détenu peut demander une liberté conditionnelle tous les dix jours, et le juge dit oui ou non. Sarkozy a demandé. Le juge a dit oui.
Mais l’agenda judiciaire est un millefeuille qui ne pardonne pas. Le 16 mars démarrera l’appel du procès libyen, qui doit courir jusqu’au 3 juin. Cinq ans de prison en première instance, avec mandat de dépôt différé : si la cour confirme, il ne sortira pas du palais de justice en voiture, mais en fourgon. Et c’est là que Bygmalion, désormais gravé dans le marbre pénal, revient comme un boomerang. Tant qu’il n’était pas définitif, le tribunal n’en avait pas tenu compte pour fixer la peine dans le dossier libyen. Ce ne sera plus le cas en appel.
Surtout, si la condamnation libyenne est confirmée et exécutée, le juge de l’application des peines pourra révoquer le sursis de Bygmalion. Addition immédiate des peines. Pas de magie, pas de compensation : on empile. Au final, la peine de cinq ans pourrait se voir rallonger d’un an supplémentaire. Le tout sous mandat de dépôt, cette fois sans parapluie politique, sans récit héroïque, sans « acharnement judiciaire » pour meubler les plateaux télé.
Depuis des années, Sarkozy traite la justice comme un marathon où il suffirait d’être plus endurant que les magistrats. Mais les courses d’endurance finissent toujours de la même manière : par un classement général. Et cette fois, l’ancien président n’est plus dans la catégorie « vétéran expérimenté », mais dans celle des multi-condamnés. Le calendrier est implacable, les options se rétrécissent, et l’atterrissage judiciaire approche.






