La police mexicaine a fini par faire le job : Rafael Caro Quintero, dit Raf, a été arrêté par des agents de la Marine dans l’État du Chihuahua, au nord du Mexique. Il est l’un des « capots » les plus recherché par le FBI, pour sa participation au meurtre l’agent de la DEA ( l’agence anti-drogue américaine ), Enrique « Kiki » Camarena, au Mexique en 1985.
L’opération de police, qui a abouti à son interpellation, a couté la vie à une quinzaine de militaires mexicains, après la chute de leur hélicoptère. Ils sont morts « après avoir rempli leur mission de soutenir ceux qui ont exécuté l’ordre d’arrestation émis contre Rafael Caro Quintero », selon le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, qui a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer « les causes de la chute de l’hélicoptère qui était sur le point d’atterrir », dans un message de condoléances sur Twitter.
De l’autre côté de Rio Bravo, on ne cache pas sa satisfaction. Un communiqué du ministère de la justice américain s’est félicité de l’arrestation du narcotrafiquant : « Il n’y a nul endroit où se cacher pour ceux qui enlèvent, torturent ou assassinent des représentants des forces de l’ordre américaines », tacle le ministre, qui demande son extradition vers les Etats-Unis.
C’est que Rafael Caro Quintero aurait fait plus de mal aux agences américaines que la plupart des trafiquants mexicains. Dépourvu d’un opulent CV dans le trafic de drogue, il est l’un des membres fondateurs du cartel de Guadalajara et de celui de Sinaloa, ce Belphégor du crime organisé, qui avait liquidé toute tranquillité dans la région.
Le grand public a découvert son nom dans la série Narco de Netflix. On le voit notamment, au tout début des années 70, s’improviser « chimiste » dans le jardin familial d’une maison de compagne, transformée en laboratoire. Plus tard, il monte dans l’appareil du cartel et devient le bras droit de son chef, Felix Gallardo, dit « le chef des chef », arrêté en 1989 et condamné à 72 ans de prison.
Mais ce n’est qu’au milieu des années 80 que Raphael Caro Quintero va s’attirer les foudres des Etats-Unis, quand il va enlever, torturer et assassiner Enrique « Kiki » Camarena, agent de la DEA, infiltré dans le nord du Mexique. Il deviendra alors l’ennemi public numéro 1 et se retrouvera au cœur d’une impitoyable chasse à l’homme, engagée pour le détruire.
20 millions de dollars seront proposés par la DEA pour sa capture et le FBI – qui l’avait classé sur la liste des 10 fugitifs les plus recherchés au monde -, avait dépêché ses meilleurs agents au Mexique. Rafael Caro Quintero quitte le pays pour échapper à la l’armada de policiers et de militaires qui le recherchaient, mais rien n’y fait : en 1985, il sera arrêté au Costa Rica et extradé dans son pays.
Devant les enquêteurs, il a tout nié, ou presque : « Je ne l’ai pas séquestré, je ne l’ai pas torturé, je ne l’ai pas tué », se défendait-il. Je n’ai fait qu’être présent sur les lieux, c’est ma seule participation ». Mais la justice mexicaine n’a pas cru à la fiction de son innocence : elle l’a condamné à 40 de prison, mais un vice de procédure a fini par pousser les juges à le remettre en liberté, avant de se ressaisir et de demander à nouveau son arrestation.
Trop tard. L’homme avait déjà disparu des radars. Jusqu’à sa capture ce vendredi, dans le village de Choix au nord du Sinaloa, la rumeur dit qu’il avait repris du « service », appuyé par le cartel de Caborca, du nom d’une petite ville du désert de Sonora, point stratégique pour les différents trafics, à une centaine de kilomètres de la frontière américaine.