Lundi 29 septembre, le tribunal de Paris a fixé les dates d’un procès à suspense industriel : Rachida Dati, ex-Garde des Sceaux et ministre démissionnaire de la Culture, doit répondre de corruption et de trafic d’influence… dans une affaire où Renault-Nissan tient la vedette silencieuse. Entre 2010 et 2012, la filiale RNBV aurait versé près de 900.000 euros à Dati pour des conseils plus théoriques que pratiques, tandis que les juges y voient un lobbying bien déguisé, incompatible avec son mandat de députée européenne et sa profession. Bref, une affaire où le parfum du luxe croise celui de l’audace politique.
À l’audience de « fixation », les avocats de Dati ont tenté leur numéro favori : « Pas de date, on attend la cour d’appel ! » Renault, excédé, a sorti le sifflet et le carton rouge : « Quarante-cinq recours déjà ! » Le message est clair : pour la firme, la patience a des limites, et la manœuvre dilatoire ne fait rire personne, sauf peut-être les spectateurs de ce feuilleton judiciaire à rebondissements.
Six après-midi d’audience sont prévues, avec l’intervention de Renault, des témoins et… peut-être Carlos Ghosn, dont la présence reste incertaine depuis sa fuite spectaculaire au Liban. Dati, fidèle à elle-même, conteste tout en souriant : « Carlos Ghosn avait-il besoin de moi ? » Question qui a le mérite de mettre en lumière l’assurance tranquille avec laquelle certains construisent leurs carrières… et leurs honoraires.
Et comme si ce scénario ne suffisait pas, Dati fait également l’objet d’une enquête pour non-déclaration de bijoux de luxe. Entre chèques généreusement signés par RNBV, lobbying déguisé et trésors oubliés, la future maire de Paris semble avoir découvert la recette parfaite pour conjuguer ambition municipale et timing judiciaire : on prend les élections en mars, et les audiences… en septembre.
À Paris, le spectacle est garanti : robes strictes, dossiers bien garnis et stratégie millimétrée. Dati joue la comédie avec un talent certain, Renault prend des notes, et les Parisiens regardent la scène avec un mélange de fascination et d’exaspération. Après tout, dans le grand théâtre de la politique française, il y a ceux qui jouent sur scène… et ceux qui se contentent de payer les billets.