Trump-Poutine : Le concours de quéquette nucléaire

Poutine et Trump jouent à qui a la plus grosse… bombe, pendant que le reste du monde retient son souffle et se demande si le XXIᵉ siècle sera gouverné par des missiles ou des egos surdimensionnés

 

Vladimir Poutine a encore sorti sa règle à mesurer les missiles. Ce week-end, entre deux pauses de judo et un meeting de patriotes chauves, il a annoncé fièrement la naissance de son nouveau bébé radioactif : le Burevestnik, missile à propulsion nucléaire et à portée “illimitée”. Rien que ça. L’arme qui ne s’arrête jamais. Comme les discours de Poutine ou les monologues de Lavrov.

 

Sur le papier, c’est du génie. Douze mètres de ferraille bardés d’uranium, censés voler quinze heures sans jamais manquer de carburant. Le genre d’engin qui fait rêver les ingénieurs et cauchemarder les écolos. Dans la réalité, c’est plutôt un missile Frankenstein : les précédents prototypes avaient tendance à exploser tout seuls, ou à retomber mollement dans la mer Blanche, en laissant derrière eux une discrète traînée de césium.

 

Mais cette fois, promis, juré, ça marche. “Les tests sont concluants”, a déclaré le chef d’état-major Guerassimov, sans préciser si les testeurs brillent encore dans le noir. Poutine a le sourire du gamin fier de sa maquette, oubliant que chaque lancement de son oiseau de tempête risque de semer un peu de Tchernobyl dans l’air du temps.

 

Et forcément, à l’autre bout de la planète, Donald Trump n’a pas résisté à la tentation de comparer la taille de son propre arsenal. “Nous avons un sous-marin nucléaire, le plus puissant du monde”, a-t-il rappelé, avant d’ajouter que lui, au moins, n’avait “pas besoin de parcourir 13 000 km”. Mémo : mon machin tire plus court, mais plus fort.

 

On croyait la guerre froide terminée ; elle revient en version compétition de quéquette entre hommes mûrs à l’ego surdimensionné. D’un côté, Poutine le joueur d’échecs radioactif, de l’autre Trump le vendeur de bombes en goguette. Deux mâles alpha de la géopolitique qui se défient à coups de mégatonnes comme d’autres s’envoient des selfies à la salle de sport.

 

Le plus ironique dans l’affaire ? Ce missile, censé contourner toutes les défenses, ne servira sans doute jamais à rien. Il est trop lent pour une vraie guerre, trop dangereux pour des essais réguliers, et trop coûteux pour un pays où la moitié du budget part déjà dans la vodka et les cercueils de conscrits. Mais pour le Kremlin, l’important, ce n’est pas que ça vole : c’est que ça impressionne.

 

Alors oui, le Burevestnik peut, en théorie, voler sans fin. Mais à ce stade, la vraie question n’est plus de savoir jusqu’où il peut aller, mais jusqu’où ils sont prêts à aller pour prouver qu’ils ont la plus grosse.

 

Entre deux essais nucléaires et trois tweets rageurs, on finit par se dire qu’au XXIᵉ siècle, la diplomatie mondiale ressemble surtout à un Concours Lépine de la connerie virile, où les candidats s’échangent des ogives comme d’autres leurs sextapes.

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