Quand les valeurs vrillent : à Nice, le futur parvis de l’Hôtel de polices portera le nom de Nicolas Sarkozy. Une annonce faite par Christian Estrosi ce lundi 29 septembre, dans un mélange de ferveur sécuritaire et d’amnésie judiciaire. Car si le maire de Nice se garde bien de le rappeler, l’ancien président vient tout juste d’écoper de cinq ans de prison ferme dans le dossier des financements libyens. À croire que la condamnation, loin d’être un obstacle, devient une médaille.
Sur son compte X, Estrosi justifie ce choix en rendant hommage à celui qui aurait « soutenu dès l’origine » ce projet pharaonique de 243 millions d’euros, censé regrouper à partir de 2026 plus de 2000 policiers dans les murs de l’ancien hôpital Saint-Roch. Un geste pour « saluer l’action déterminante » d’un homme qui fit de la sécurité son fonds de commerce, avant que la justice ne rappelle d’autres priorités : probité, vérité, responsabilité.
Dans le camp d’en face, la gauche locale crie à la « provocation ». Juliette Chesnel-Le Roux et ses alliés proposent un contre-modèle : Robert Badinter, futur panthéonisé, incarnation d’une République des droits humains plutôt que des prétoires correctionnels. Deux visions irréconciliables s’affrontent : celle d’une ville qui s’honorerait en affichant un héritage judiciaire clair, et celle qui préfère graver dans la pierre les noms de ses hérauts déchus.
À Nice, on baptise donc un parvis de policiers du nom d’un condamné. Les Niçois, eux, devront choisir si ce décor leur inspire fierté ou gêne. Et au rythme où vont les choses, il ne serait pas étonnant que d’ici quelques années, on inaugure un rond-point Jérôme Cahuzac ou une place Patrick Balkany. À Nice, la politique a parfois des airs de casier judiciaire grandeur nature.