Non, ce n’est pas pour faire face à une menace nucléaire ni pour bomber le torse face à Poutine qu’Emmanuel Macron a convoqué ce lundi 7 juillet 2025 un Conseil de défense et de sécurité nationale. Le mot d’ordre est tout autre : l’entrisme. Un terme longtemps cantonné aux cercles politistes, désormais promu au rang d’urgence sécuritaire. Dans le viseur du président : l’influence rampante des réseaux proches des Frères musulmans dans certaines sphères de la société française.
Après le camouflet de mai dernier — un rapport confidentiel fuitant dans la presse, provoquant une ire présidentielle — l’Élysée tente de reprendre la main. Le format est resserré : Bruno Retailleau (Intérieur), Élisabeth Borne (Éducation nationale) et Marie Barsacq (Sports). Trois ministres, un seul mot d’ordre : des propositions « concrètes et applicables rapidement » pour enrayer ce que le rapport évoquait comme une « stratégie de développement par le bas ». Autrement dit : une montée en puissance discrète, mais méthodique, d’un islamisme conservateur s’implantant via le tissu associatif, éducatif et sportif.
Le précédent conseil, convoqué fin mai, avait laissé un goût amer. Non seulement les arbitrages furent jugés timorés, mais la fuite du document a révélé l’ampleur de la préoccupation présidentielle. Le texte évoquait une « menace pour la cohésion nationale », tout en refusant l’écueil de la généralisation. On y lisait entre les lignes une inquiétude non pas face à une insurrection, mais à un contournement progressif des institutions.
Cette fois, la riposte pourrait s’articuler autour de plusieurs axes : la création d’un parquet administratif spécialisé pour suivre les atteintes idéologiques aux institutions ; l’élargissement des capacités de renseignement localisées, notamment dans les quartiers dits sensibles,
et une coordination renforcée entre rectorats, préfectures et fédérations sportives, là où certains soupçonnent une influence militante.
En coulisses, on évoque aussi la désignation d’un référent national contre l’entrisme idéologique, sorte de coordinateur transversal placé sous l’autorité directe de l’Élysée. Une figure du genre « Monsieur anti-frérisme » — ce qui, on le devine, pourrait cristalliser tensions et accusations de stigmatisation.
Et elles ne se sont pas fait attendre.
À gauche, Manuel Bompard (LFI) dénonce déjà une stratégie de division : « Le gouvernement stigmatise une partie de la population musulmane au nom de la sécurité. » Le Conseil français du culte musulman (CFCM), quant à lui, met en garde contre les « amalgames dangereux », redoutant qu’un flou persiste entre islam politique, rigorisme religieux et simple engagement associatif.
À droite, en revanche, le ton se durcit. Marine Le Pen réclame l’interdiction pure et simple de toute structure affiliée aux Frères musulmans. « Il faut neutraliser les financements occultes, les publications de propagande et les relais communautaires », affirme la cheffe du RN, qui voit dans ce raidissement une opportunité politique.
Reste à savoir si cette relance sécuritaire, désormais hors du champ militaire, s’accompagnera de garde-fous solides. Car le risque est double : tomber dans l’inaction face à une stratégie d’influence bien rodée… ou dans une traque idéologique contre-productive. L’arsenal s’annonce lourd ; le curseur, instable.
Et pendant que l’on parle d’entrisme frériste, certains au sein même de l’appareil d’État murmurent que les prochains conseils de défense pourraient aborder d’autres formes d’infiltration plus discrètes encore. Un jour, peut-être, on y discutera aussi de lobbying évangélique, d’entrisme russophile, ou de la porosité entre certains élus et les sphères d’influence étrangères. Mais chaque « frérisme » en son temps …






