Dominique de Villepin : le dernier templier de la République

Alors que la droite française s’enlise dans les extrêmes et les ambitions personnelles, Dominique de Villepin surgit comme le dernier templier de la République. Créateur de son parti et prêt à se présenter, il incarne une France disparue, où l’éloquence, la dignité et le sens de l’État surpassaient les slogans faciles et les calculs politiciens. Portrait d’un homme immuable et solitaire, dernier croisé d’une République qui ne s’agenouille pas.

 

Il est le seul, le dernier, celui dont le nom évoque encore la République comme une idée plutôt que comme un simple bureau de passage pour carriéristes. Dominique de Villepin n’a jamais eu besoin de hurler à l’Assemblée ni de jongler avec des slogans à la mode : sa stature suffit. Et voilà qu’aujourd’hui, il reprend la lance, recrée son parti, et annonce qu’il se présentera aux présidentielles de 2027.

 

Face à lui, un champ de ruines politiques : Bardella, l’extrémiste de salon ; Retailleau, le crypto-RN qui tente de se faire passer pour un modéré ; Ciotti, l’apprenti sorcier de l’extrême droite ; Vauquiez, qui rêve d’expédier les Algériens sur une île isolée… Et au milieu de tout ce brouhaha, Villepin, silhouette droite et intemporelle, apparaît comme le dernier templier.

 

Villepin, c’est la survivance d’une certaine France, celle où l’éloquence valait plus que les chiffres, où l’État n’était pas seulement un guichet pour marchés et subventions. Son discours du 14 février 2003 à l’ONU face à Colin Powell reste un modèle de hauteur et de fierté nationale : il n’a pas seulement dit « non » à la guerre en Irak, il a incarné la République elle-même, avec ce mélange de courage et de dignité qu’aucun politicien contemporain ne peut même effleurer.

 

Oui, on le dit de droite. Mais son cœur bat ailleurs : du côté de Victor Hugo, de Chateaubriand, de l’idée que la République doit protéger, émanciper, tendre la main. Villepin est un homme de lettres parachuté dans la boue des ministères, un romantique obligé de ferrailler avec des comptables.

 

Ses recueils de poésie (Éloge des voleurs de feu, Éloge des poètes) et ses essais politiques (De l’esprit de cour, Mémoire de paix pour temps de guerre) rappellent qu’il ne se contente pas de gouverner : il écrit l’histoire avec des mots. Bien sûr, ses travers ne manquent pas. Il a navigué dans les eaux troubles de la Françafrique, fréquenté les couloirs dorés où l’on négociait avec Elf, et s’est pris les pieds dans l’affaire Clearstream. Mais même ses ennemis admettent que, face à Sarkozy, il possédait une hauteur de vue que la majorité des politiciens actuels ignorent.

 

Et aujourd’hui, tandis que les héritiers de la démagogie et de la haine planifient leurs campagnes, Villepin revient comme un chevalier solitaire : armé de son passé, de sa réputation, de ses idées, prêt à mener une croisade contre la médiocrité.

 

Il ne présidera peut-être jamais la France, mais il incarne quelque chose que ni Bardella ni Ciotti ni Retailleau ne pourront jamais saisir : une République de chair et de mémoire, de littérature et de morale. À droite ? Oui. Mais le cœur à gauche. Républicain ? Certainement. Et avec un œil bienveillant pour ceux que l’histoire oublie quand les autres ne voient que leurs ambitions.

 

Dominique de Villepin n’est pas un homme politique : c’est un anachronisme. Un spectre hugolien qui erre encore dans un paysage livré aux nains. Et à l’heure où Macron se rêve en Jupiter, où les autres se contentent de faire de la politique comme on joue à la marchande, un seul nom rappelle que la France a été autrefois habitée par des héros : Dominique de Villepin, le dernier templier, le dernier croisé de la République.

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