Pauvre Anne. Elle ne peut plus rien se payer : ni un tailleur chez Dior, ni un détour chez Prada, ni même un déjeuner convenable au Meurice. Avec 4 900 euros nets par mois — après impôts, s’il vous plaît —, la vie devient compliquée. À Paris, on s’en sort encore avec 1 500 euros, paraît-il, mais visiblement pas avec 4 900. C’est là qu’on touche au mystère de la capitale : plus on gagne, plus on rame.
Ce mercredi 8 octobre, au Conseil de Paris, entre deux débats sur les rats et la circulation Anne Hidalgo s’est dite prête à relever un défi : vivre avec « seulement » 4 900 euros nets par mois. « Après impôts », a-t-elle précisé, comme on évoque une traversée du désert.
L’idée de base était de mettre Rachida Dati ( sa rivale accusée de gagner plus qu’un PDG du CAC 40) « au défi de vivre avec son indemnité ». Mais la pilule ne passe pas. Même son équipe de com’ aurait sans doute préféré garder au brouillon, tant la bourde est énorme et la déconnexion criante.
Sur les réseaux, les réactions ont été plus rapides qu’un Vélib’ sans frein. « Elle veut qu’on pleure ? », « 4 900 €, c’est le rêve de 99 % des Parisiens »..
Il faut dire qu’à l’Hôtel de Ville, la maire reste plutôt à l’abri du ticket de métro la fin. Et que les avantages du poste adoucissent la fin du mois : chauffeur, logement de fonction, sécurité, repas officiels et quelques déplacements de rigueur (Tokyo, Tahiti, Vatican… bref, tout ce qui figure sur la ligne C du RER).
Et puis, il y a ces fameuses notes de frais : 210 000 euros en quatre ans, d’après Mediapart. Ce qui fait, au doigt mouillé, environ 143 euros de « frais de représentation » par jour — sans compter les cafés. Certains y voient le prix du service public ; d’autres une certaine idée du hors-sol.
Hidalgo plaide la vertu : « Ces indemnités existent pour éviter que les élus ne soient tentés par le privé. » On ignore si elle pensait au « privé d’hôtel » ou au secteur privé. Mais à 4 900 euros, la tentation principale doit surtout concerner le traiteur. Ses collaborateurs jurent qu’elle « reste au contact des réalités ». Sans doute. Mais à ce niveau de contact, il faut un très long bras — ou un drone.
Déjà, en 2012, Jean-François Copé parlait d’un pain au chocolat à 15 centimes. En 2024, Anne Hidalgo découvre que la vie à 4 900 euros est « difficile ». L’un parlait de goûter, l’autre de galère. Même époque, même altitude sociale, même déconnexion.
La bonne nouvelle est que la maire a promis qu’elle ne se représenterait pas en 2026. Excellente nouvelle même, car la retraite, c’est rarement 4 900 euros.