Dans la lumière d’Alger, une voix s’est tue. Celle de Biyouna, femme indomptable qui avait fait de la liberté sa seule maison, et dont le rire continue de courir plus vite que l’oubli.
On se la rappelle surgissant dans La Source des femmes, perchée sur un âne récalcitrant, une main cramponnée à son garrot pointu, l’autre agrippée à ce téléphone dont elle ne se séparait jamais. Une apparition presque irréelle, découpée net dans la poussière ocre d’un village maghrébin. Autour d’elle, Leïla Bekhti filait à grandes enjambées, lançant sa colère contre ces siècles d’eau à remonter du puits, et la procession de femmes en révolte avançait comme un souffle de révolution intime. Dans ce film, Biyouna, n’avait que quelques scènes, mais elle occupait chaque seconde avec cette façon d’exister qui déborde du cadre, comme si elle s’était glissée là pour souffler aux autres, dans un demi-sourire, qu’elles tiendraient. Qu’elles survivraient. Parce qu’avant elles, elle avait déjà traversé le feu.
C’est cette femme insolente et droite, qui s’est éteinte mardi 25 novembre 2025, à l’hôpital de Beni Messous, dans la banlieue ouest d’Alger. Elle avait 73 ans. La mort est venue après une longue maladie, un cancer des poumons diagnostiqué en 2016, un mal patient et obstiné qui lui avait coupé le souffle bien avant de lui couper la vie.
Mais avant tout cela, il y eut Belcourt
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