Quelque chose commence-t-elle à rouiller dans la terrible mécanique de guerre entre la Russie et l’Occident ? Vladimir Poutine vient de se débarrasser de l’un de ses bras droits et piliers de son système : Dmitri Rogozine est le chef de l’agence spatiale russe, Roscosmos. C’est un décret présidentiel qui l’avait annoncé.
Cette décision en surprend plus d’un : Rogozine fait partie du sain des sain du système Poutine, c’est un fidèle parmi les fidèles et il ne s’en cache pas. Régulièrement, il s’est illustré par des mises en garde qui reprennent, mot à mot, les ordres du chef et ses messages à l’adresse des occidentaux. Notamment la menace nucléaire, souvent agitée par Poutine, à l’encontre de quiconque aurait la folie de s’en prendre à la Grande Russie.
De l’avis des spécialités, il avait toute la confiance des ténors du Kremlin. Preuve, peu avant le début des frappes russes sur l’Ukraine, il a été bombardé ambassadeur auprès de l’Otan et il avait les coudées franches pour gérer la crise survenue, après la décision des occidentaux d’infliger des sanctions à la Russie.
Son éviction interroge, d’autant qu’il est remplacé par Iouri Borissov, vice-premier ministre chargé du complexe militaro-industriel russe. Un homme de main qui a grandi dans le creuset de l’union soviétique : récipiendaire de l’Ordre de service à la patrie, diplômé l’école militaire Souvorov de Tver en 1974 et de l’école supérieure radio-électronique en 1978, il a fini dans les forces armées de la Russie, avant de devenir administrateur général de l’Agence fédérale de l’industrie en octobre 2007, puis sous-ministre de l’industrie et du commerce en juillet 2008. Puis commissaire militaro-industriel pour la Russie en mars 2011 et, le 12 novembre 2012, vice-ministre de la défense.
C’est donc un porte-flingue qui est chargé de la gestion de la Station Spatiale Russe, pilier de la structure de la Station internationale et de la coopération russo-occidentale dans le domaine. En attendant de connaitre ses ordres, il y a de quoi craindre que le conflit qui oppose la Russie à l’Otan ne dépasse les frontières de l’Ukraine et de l’Europe pour se jouer … au-dessus de leur « coucous » !