Le Correspondant

Massacre de Vinnystia : des morts et des mots

Comme l’a été la « Madone » en Algérie ou « la petite fille au napalm » au Vietnam, Lisa devient le symbole de l’horreur. Ce jeudi, elle a été terrassée par le blast d’un missile russe et est morte sur le coup. Son portrait trône dans la presse, la première dame ukrainienne lui rend visite, le président Zelinsky s’indigne et, comme d’habitude, la télévision locale en fait son show… La routine.

 

Les faits : ce matin, un officier russe a décidé d’appuyer sur le bouton et d’expédier trois missiles de croisière sur Vinnystia, dans le nord de l’Ukraine. Direction cette ville tranquille, loin de la ligne de front, qui coule – jusqu’ici – une guerre « paisible ». Les Russes, comme d’habitude, se défendent d’avoir attaqué une maison militaire qui servirait de « refuges aux indépendantistes ». Les Ukrainiens démentent : Ce n’est qu’un « centre commercial, avec parking, qui abrite des bureaux et des petits commerces ». Bilan : une centaine de blessés et 23 morts. Dont Lisa.

 

Les Russes ne l’accusent pas encore de faire partie de l’escouade de « soldats nazis » d’Azov. Lisa est une petite fille de 3 ans, qui a eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, quand elle a été surprise par un missile en provenance de la Russie. Les images font le tour du monde. On voit la poussette renversée à même le sol et entourée par une flaque d’hémoglobine. Sa mère est grièvement blessée.

 

Dès lors, la guerre des mots et des images refait son cirque. Les dernières minutes de la petite fille, immortalisées par sa mère dans une vidéo, font le tour des médias locaux. Le ministre de la défense donne des nouvelles de sa mère qui serait « entre la vie et la mort », malgré la mobilisation « des médecins qui se battent pour la sauver ». La première dame dit connaître Lisa. Enfin, se souvenir de son passage à la présidence pendant les dernières vacances de Noêl. « Elle a réussi à peindre non seulement elle-même, sa robe de fête, mais tous les autres enfants, moi, les cameramen et le réalisateur en une demi-heure » s’est-elle souvenue, décrivant l’enfant comme « brillante, sincère, joyeuse, qui a grandi dans l’amour ». Mémoire d’éléphant.

 

Le ministre de la défense revient encore à la charge. Cette fois, pour accuser la Russie d’avoir mené une  « une attaque terroriste un 14 juillet ». Le président Zelinsky, fort de l’émotion suscitée par cette tragédie, exige désormais la création d’un « tribunal spécial » pour juger les « crimes russes » avec, en prime, le classement de la Fédération de de Russie dans la longue liste des  « Etats terroristes ».  L’ONU sort du bois pour condamner « toute attaque contre des civils ou des infrastructures civiles », dit son porte-parole. L’Union Européens s’est fendue d’un communiqué pour dénoncer des « atrocités ». Avec la promesse de punir « les violations et crimes commis par les forces russes et leurs responsables politiques ».

 

Côté russe ? Rien. Seulement les  » aimables » litotes du ministère de la défense, toujours prompt à vanter  » ses victoires sur le terrain », à chaque massacre… Tout un rituel !

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