Le parquet national financier (PNF) a frappé fort : il réclame sept ans de prison pour Nicolas Sarkozy, l’ancien président de la République, qui a échafaudé un pacte de corruption d’une ampleur vertigineuse avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi. L’objectif : financer sa campagne présidentielle de 2007. Un scénario aussi indécent qu’inacceptable. Un pacte inouï entre un chef d’État et un tyran, dont les implications sont abyssales.
Le procureur Sébastien de la Touanne, l’un des trois magistrats de l’affaire, a eu des mots lourds de sens en dénonçant cette « cupidité » à l’œuvre, un tableau « très sombre de notre République ». Le PNF exige non seulement la prison, mais aussi 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Cette demande est l’aboutissement d’une longue investigation qui, depuis mardi, a détaillé les pratiques de l’ancien président. Pour le PNF, Nicolas Sarkozy n’est pas une victime, mais « le véritable décisionnaire » de cette entente avec Kadhafi, allant jusqu’à sacrifier toutes les valeurs fondamentales de la République – probité, honnêteté, droiture – pour parvenir à ses fins.
Il est accablé par les accusations : financement illégal de campagne, corruption, recel de détournement de fonds publics et association de malfaiteurs. Les magistrats ont passé trois jours à énumérer les faits, les preuves, les mensonges. Un véritable « pacte de corruption » scellé à Tripoli fin 2005 avec l’aide de Claude Guéant et Brice Hortefeux. Ce dernier, comme l’ancien ministre de l’Intérieur, est également inculpé, tant leur implication dans ce réseau mafieux semble évidente.
La défense, qui clame sans relâche l’innocence de Sarkozy et de ses co-accusés, n’aura pas pu dissimuler l’ampleur de l’affaire. Comment justifier l’énorme versement de 5 millions d’euros sur un compte offshore ou les rencontres en Libye avec des personnages comme Abdallah Senoussi, beau-frère de Kadhafi, pourtant lié à des actes terroristes ? Le procureur a été catégorique : tout a été organisé pour que jamais aucune trace directe ne relie Sarkozy à ces malversations. C’est là la réalité sordide de cette affaire, un complot soigneusement camouflé pour préserver son auteur de toute responsabilité directe.
Le PNF a insisté sur la gravité de cette corruption. Le pacte scellé avec un « régime sanguinaire » risquait non seulement de pervertir l’élection présidentielle de 2007, mais aussi de mettre en péril la souveraineté et les intérêts de la France. Si ce financement avait eu le pouvoir de modifier le résultat de l’élection, cela aurait été un véritable coup d’État démocratique.
Malgré la pile de preuves et la gravité des accusations, Nicolas Sarkozy continue de clamer son innocence, soutenu par ses co-prévenus qui rejettent en bloc les accusations. Mais la question est désormais posée : à quel prix l’ex-président a-t-il voulu se maintenir au pouvoir ? Et jusqu’où peut-on fermer les yeux sur les compromis indignes qui ont été conclus au sommet de l’État ? La défense prendra la parole, mais la réalité des faits est déjà là, inéluctable et accablante.