Avec l’assassinat de Ayman Al-Zawahiri, Al-Qaïda a perdu son “cerveau”, mais est-elle pour autant « décapitée » ? Bien que le coup soit dur, l’organisation ne devrait pas en être affectée. Ses puissants réseaux au Moyen-Orient lui ont toujours permis de rebondir, à chaque fois qu’elle a frôlé le sol.
L’organisation pourrait reprendre rapidement du service, comme elle l’avait fait par le passé, après l’assassinat de son ancien leader, Oussama Ben Laden, éliminé en 2011, par l’administration Obama.
Son atout ? La cote dont elle bénéficie auprès des populations du monde musulman, acquises à la lutte contre les « impies et les impérialistes ». C’est le diagnostique de Guillaume Soto Mayor, chercheur associé au centre africain d’études pour la paix Timbuktu Institute, auprès du journaliste David Baché pour RFI : la force de l’organisation est sa capacité à répondre aux appels des « communautés musulmanes qui font face à une oppression d’un Etat ou d’un envahisseur extérieur ».
C’est ainsi que le groupe islamiste parvient à renforcer ses rangs. Forte de ses discours contre « les mécréants » et de ses prêches contre ceux qui « occupent les terres de l’islam », l’organisation étend ses tentacules dans les différents continents.
Mais c’est depuis l’Afghanistan qu’elle continue à frapper l’Occident. Ses bataillons y sont retournés après le retrait des forces américaines du pays, en automne dernier, et le retour des talibans au pouvoir à Kaboul, qui en a suivi.
Ayman Al-Zawahiri, longtemps caché dans les montagnes de Tora Bora, a retrouvé son paradis idéologique au pays du Mollah Omar, pensant être à l’abri de ses ennemis, comme l’avait été Oussama Ben Laden, à la fin des années 90.
Jusqu’à sa mort, pulvérisé par un drone, il a continué à diriger ses troupes et à planifier ses actions. Qui lui succédera ? Selon de nombreux experts en terrorisme, Saif Al-Adel semble le plus à même de remplir ce rôle. Il est reconnu pour ses grandes compétences dans le maniement des explosifs et pour son talent de stratège militaire.
Seul hic : l’homme vit en Iran – sous résidence surveillée – et le régime des Mollah, de confessions chiite, n’a jamais porté les sunnites d’Al Qaida dans son cœur. Cela pourrait compromettre fortement la prise de pouvoir du djihadiste.
Mais que l’on y se trompe pas : qu’il vive en Iran ou ailleurs, un successeur sera bientôt désigné par l’état major de l’organisation et il va déployer toute sa divine imagination pour tatouer l’histoire avec le sang des victimes. Jusqu’au prochain drone …