Blair à béton : Gaza, la paix en mode start-up

Alors que la bande de Gaza ploie sous les bombes, les pénuries et les cadavres, certains esprits éclairés planchent déjà sur son avenir… touristique. Un projet de reconstruction façon parc d’attractions ultralibéral, mêlant Riviera Trump, zones franches et branding à la sauce Musk, impliquerait le Tony Blair Institute et des proches de Netanyahou. Quand la paix devient un produit dérivé

 

À Gaza, la guerre fait rage, les hôpitaux croulent, les vivres manquent. Mais dans les salons feutrés de certaines fondations occidentales, c’est déjà l’heure de la reconstruction… façon parc à thème. D’après le Guardian, le Tony Blair Institute for Global Change (TBI), think tank de l’ancien Premier ministre britannique, aurait participé à l’élaboration d’un projet pour le moins extravagant : transformer le littoral dévasté de la bande de Gaza en une « Riviera Trump », flanquée d’une zone industrielle.

 

L’idée, qui ferait passer Dubaï pour un centre de réinsertion sociale, aurait germé parmi des hommes d’affaires israéliens proches du gouvernement de Benyamin Netanyahou, avec le concours méthodologique du Boston Consulting Group (BCG). Leur objectif ? Appliquer au chaos palestinien les règles du capitalisme disruptif : bétonner, brander, valoriser.

 

La paix via les deals

Dans les échanges révélés par la presse anglo-saxonne, des membres du TBI auraient participé à des groupes de discussion où circulait un document intitulé Gaza Economic Blueprint. Ce plan – non assumé officiellement – serait structuré autour de la vision trumpienne d’un Proche-Orient pacifié à coups de deals immobiliers, de mégaprojets touristiques et d’opportunités fiscales. Un Las Vegas de la paix, surveillé par drone.

 

Un porte-parole du TBI a tenu à minimiser l’implication de l’institut, précisant que celui-ci était simplement à l’écoute des différents scénarios d’après-guerre. « Bien sûr, nous sommes opposés à toute tentative de déplacement forcé des Gazaouis », a-t-il déclaré au Guardian. Mais l’ambiguïté reste entière…

 

Blair, le revenant du Quartette

Tony Blair n’en est pas à son premier chantier oriental. Nommé en 2007 comme envoyé spécial du Quartette (ONU, UE, Russie, États-Unis) pour la paix israélo-palestinienne, il a passé huit années à circuler entre les chancelleries, sans produire autre chose que des rapports et quelques sourires diplomatiques. Il démissionnera en 2015, sur fond de critiques et de soupçons de conflits d’intérêts. Le même Blair avait entraîné son pays dans l’invasion de l’Irak en 2003, au nom d’armes de destruction massive imaginaires. Le mensonge était alors une méthode.

 

Aujourd’hui, il revient par la fenêtre philanthropique. Mais son institut semble surtout naviguer à vue dans une géopolitique où la privatisation de la paix est devenue un marché comme un autre.

 

Humanitaire de marché

Selon Middle East Eye, le projet de « Riviera Trump » aurait pour parrains deux figures influentes de la tech israélienne, Liran Tancman et Michael Eisenberg, tous deux liés à la création de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). Officiellement chargée de la distribution de l’aide alimentaire dans la bande de Gaza, la fondation agit sous mandat de Netanyahou. De l’humanitaire au bulldozer, il n’y a qu’un formulaire à remplir.

 

On peine à imaginer les ruines de Khan Younès accueillir des hôtels 5 étoiles estampillés Trump, entre deux checkpoints de Tsahal. Mais le rêve est là. Et certains, à l’abri dans leurs bureaux climatisés, travaillent déjà à y apposer leur logo.

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