Tandis qu’Imane Khelif est élevée au rang d’icône par une fédération algérienne de Boxe, avide de vitrines bien marketées, une autre tornade monte en puissance, loin des projecteurs et des postures : Ichrak Chaïb.
Moins mise en scène, mais tout aussi redoutable, cette boxeuse de 24 ans, originaire de Constantine (nord-est de l’Algérie), avance sans fanfare, mais avec une précision chirurgicale. Pas de storytelling calibré pour les sponsors, pas de clips inspirants : juste des crochets, des esquives, et des victoires.
Le 10 avril à Singapour, elle a proprement désossé l’Indienne Rajwant Kaur, pourtant chevronnée. C’est le quotidien Le Jeune Indépendant qui a révélé l’information, passée presque inaperçue ailleurs : un combat net, sans bavure, où Ichrak a dicté le tempo avec une froideur clinique. Pendant que d’autres jouent les égéries de circonstance, elle fait le boulot. Et elle le fait bien.
Chez les Chaib, on ne court pas après les caméras. Une mère enseignante, une sœur avocate, et au milieu, Ichrak : ancienne footballeuse reconvertie en boxeuse, non pas par accident, mais par nécessité. Elle avait trop d’intensité pour se fondre dans un collectif : il lui fallait un face-à-face, un ring, un adversaire. Elle a trouvé sa scène.
Et les résultats suivent, implacables : médaille de bronze aux Championnats du monde amateurs en 2022 à Istanbul – une première historique pour l’Algérie dans sa catégorie –, argent aux Jeux Méditerranéens la même année, deux titres de championne d’Afrique en 2022 et 2023, et une médaille d’or aux Jeux Africains. Et pourtant, elle ne participera pas aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Officiellement, « d’autres profils » ont été choisis. En coulisses, les raisons sont moins claires.
Qu’importe. Ichrak ne parle pas : elle cogne. Son langage, c’est le ring. Et avec Nasser Yefsah – l’entraîneur réputé pour avoir façonné le parcours d’Imane Khelif et désormais en binôme avec Ichrak, comme l’a également révélé Le Jeune Indépendant – elle entre désormais dans une phase de haute intensité : préparation physique millimétrée, coaching mental, stratégie adaptée à chaque adversaire. Objectif : les Mondiaux amateurs 2025, les Jeux Méditerranéens 2026 à Tarente, et Los Angeles 2028.
Elle n’a pas besoin d’être « révélée au monde ». Elle est déjà prête. Et pendant que les institutions s’agitent à fabriquer des symboles à usage médiatique, Ichrak Chaib construit une légende. À coups de poings.
Le monde n’a peut-être pas encore entendu son nom. Mais il ferait bien de tendre l’oreille. Elle s’appelle : Ichrak