Le chant de cygne de Bayrou : « Un violent rabottage »

François Bayrou a quitté l’Assemblée nationale le 8 septembre sous les applaudissements polis et les mines ternes. Un lendemain de vote de confiance sans lendemain. Car dès ce mardi 9 septembre au matin, le Premier ministre en sursis devait remettre sa démission à l’Élysée. Mais, en bon professeur de Lettres Béarnais, il a tenu à laisser une dernière trace dans le Journal officiel. Une signature finale en forme de coup de rabot.

 

Les ultimes décrets Bayrou ne ressemblent pas à un legs politique, mais à un inventaire de brocante. Retouche sur MaPrimeRénov’, barème raboté, isolation des murs rayée de la liste, chaudières biomasse sacrifiées sur l’autel de Bercy. Le ministère du Logement a trouvé le bon mot : il s’agirait de « recentrer » les aides. Mais la Fédération française du bâtiment a un autre avis : c’est un « violent rabotage », tranche-t-elle, net. Violent, surtout pour les milliers de ménages déjà étouffés par des factures d’énergie délirantes, et désormais priés de s’en remettre à leur poêle à bois.

 

On appelle ça une politique de sobriété subventionnée : moins de murs isolés, moins de chaudières performantes, mais plus de « confort d’été » grâce à une toiture vaguement financée. À l’heure où la France se rêve championne de la transition écologique, Bayrou aura réussi l’exploit de transformer la rénovation énergétique en exercice d’auto-sabotage. Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, n’a pas mâché ses mots : « économies sur les précaires énergétiques » et « sabotage organisé ».

 

Pour compenser ce rabot, un sucre : la TVA réduite à 5,5% sur les panneaux solaires. Mais attention, uniquement ceux qui ont un bilan carbone acceptable. Traduction : tous sauf les panneaux chinois, qui dominent le marché. Résultat : une niche fiscale qui ne profite à personne, sinon au carnet de commandes vide de quelques industriels européens.

 

Dernier clou dans le cercueil : un « coup de fouet » aux pompes à chaleur, promises depuis quinze ans au rôle de sauveurs climatiques, mais dont le marché s’écroule dès que l’État éternue. Bayrou n’aura donc pas sauvé la planète, mais il laisse derrière lui une réforme technique, aride et rabotée, comme une sortie de route budgétaire maquillée en legs politique.

 

Chant du cygne ou baroud d’honneur ? On retiendra surtout le bruit sec du rabot sur la table. À croire que le Béarnais aura appliqué à l’écologie la même recette qu’à sa carrière : commencer avec de grands idéaux, finir avec une note de bas de page.

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