L’eau du robinet en France, ce symbole de pureté accessible à tous, pourrait bientôt mériter un nouveau slogan : « À consommer avec modération ». Car à partir de 2026, les collectivités auront enfin l’obligation de tester la présence de vingt polluants indestructibles, les PFAS (per et polyfluoroalkylés), ces molécules qui, comme certaines promesses politiques, ne disparaissent jamais vraiment.
Une initiative bienvenue, mais pourquoi attendre 2026 ? Pour ne pas bousculer les habitudes, sans doute. France Info et France Bleu n’ont pas eu cette patience. Entre avril et juin 2024, leurs équipes ont prélevé 89 échantillons d’eau à travers le pays. Verdict : 43 % contenaient des PFAS. Parmi eux, 27 échantillons révélaient des molécules interdites ou classées cancérogènes. Cinq villes se sont particulièrement distinguées : Auxerre, Lille, Saint-Jean-de-Losne, Saint-Vit et Déols.
À Cognac, l’eau du robinet affiche même 187 nanogrammes par litre de PFAS, presque le double de la limite réglementaire. Une eau qui aurait presque de quoi concurrencer les spécialités locales, mais sans l’étiquette « AOC ».
Derrière cette pollution, un joyeux mélange de sources : la mousse anti-incendie, les rejets industriels, les boues d’épuration ou encore les papiers imperméabilisés. Un héritage moderne qui transforme peu à peu les nappes phréatiques en archives chimiques.
Les autorités ? Elles suivent la situation. La Direction générale de la santé (DGS) assure que chaque cas sera traité « au cas par cas ». Une méthode qui a le mérite de la précision… ou de l’attentisme. Les élus, eux, oscillent entre l’étonnement et la prudence. Les habitants ? Ils continuent de remplir leurs verres sans forcément connaître la composition exacte de ce qu’ils boivent.
L’eau reste une « source de vie », dit-on. Mais désormais, elle pourrait aussi devenir une source de questions.