Kiev en flammes, le siège du gouvernement ukrainien touché pour la première fois : la Russie monte d’un cran et déchaîne sa violence XXL. Pendant que l’Occident ressort ses vieux disques de sanctions et de condamnations, Poutine tient parole, version Pax Russia.
Le Kremlin a voulu envoyer un message, et Kiev l’a reçu en flammes. Dans la nuit de samedi à dimanche, la Russie a mené la plus vaste attaque aérienne depuis février 2022 : plus de 800 missiles et drones tirés, selon l’armée de l’air ukrainienne, qui revendique en avoir neutralisé 747. Le bilan humain est déjà lourd — au moins cinq morts, dont deux dans la capitale — et symboliquement, la frappe a marqué un basculement : pour la première fois, le siège du gouvernement ukrainien a été incendié.
Ioulia Svyrydenko, Première ministre, l’a confirmé sur Telegram : « Le toit et les étages supérieurs du siège du gouvernement ont été endommagés à cause d’une attaque ennemie ». Des images montrent de hautes flammes dévorant la façade de l’imposant bâtiment, situé à deux pas de la présidence et du Parlement. Dans le centre de Kiev, la fumée s’est mêlée au fracas des hélicoptères lâchant de l’eau sur les décombres. Une fillette d’un an figure parmi les victimes.
Moscou parle d’« infrastructures militaires », Kiev enterre ses civils
Comme à chaque salve, le ministère russe de la Défense a juré viser « des sites du complexe militaro-industriel et des infrastructures de transport ». Mais à Kiev, ce sont des immeubles résidentiels qui ont été éventrés. À Dnipropetrovsk, un homme de 54 ans a péri sous les bombes. À Zaporijjia, une femme a été tuée par une frappe aérienne guidée. À Soumy, un autre civil samedi soir. Les cartes d’état-major de Moscou ne s’embarrassent pas de ces détails : le Kremlin revendique en parallèle la prise d’un village de la région de Dnipropetrovsk, « Khoroshe », comme si une avancée de hameau pouvait compenser une pluie de cadavres.
L’Occident sort le vieux disque
La France et le Royaume-Uni ont aussitôt réagi. Emmanuel Macron accuse Moscou de frapper « de manière indiscriminée, y compris des zones résidentielles et le siège du gouvernement », et appelle à « renforcer les sanctions, notamment contre le pétrole et le gaz russes ». À Londres, le Premier ministre Keir Starmer fustige des frappes « lâches », dénonçant un Vladimir Poutine qui « ne prend pas la paix au sérieux ». Bref, l’Occident sort le vieux disque qui tourne depuis deux ans : condamnation, sanctions, isolement… tout ce qui n’a jamais vraiment marché. Pendant ce temps, le maître du jeu reste celui qui appuie sur le bouton.
Diplomatie enlisée
Donald Trump, reconverti en apprenti-médiateur, avait réuni mi-août Vladimir Poutine en Alaska puis accueilli Volodymyr Zelensky à Washington avec une brochette de dirigeants européens. Résultat : rien. La Russie refuse toujours l’idée même d’un cessez-le-feu, et l’Ukraine réclame des armes supplémentaires pour « tenir ». Paris a promis, avec 25 autres pays, de garantir à Kiev un filet de sécurité à long terme, mais sur le terrain, c’est encore Moscou qui dicte le tempo.
Et même quand on parle de négocier, le décor bloque déjà la pièce. Moscou exige que les pourparlers se tiennent à Moscou, sous les dorures du Kremlin. Les Européens plaident pour un terrain neutre, la Suisse ou l’Autriche, héritage des compromis feutrés. Résultat : ça coince. Car Poutine rêve d’un Zelensky convoqué comme un vassal franchissant les portes du tsar et les Européens rétorquent qu’on ne signe pas une reddition autour d’un samovar. On ne sait donc même pas où poser la table, encore moins ce qu’on pourrait y écrire.
La Pax Russia
Une chose est sûre : finies les frappes symboliques sur des hangars ou des centrales électriques : le Kremlin sort la grosse artillerie, et personne n’est à l’abri, pas même Volodymyr Zelensky et son gouvernement. Poutine avait prévenu récemment : « On aura la paix par la paix ou par la violence ». Il en a tenu parole, en pulvérisant ce qui reste de la paix