Clark, une série qui cartonne sur Netflix. Comme au temps des « filles d’à-côté » ou d’« Hélène et les garçons », c’est l’été, on a du temps, on veut se poser pépère sur le canapé, clim et Clark à fond.
Pour les nuls, sachez que Clark est inspiré de faits réels, oeuvres d’un gangster ( je sens que le thermomètre grimpe ), suédois ( pas Américain, sinon ce serait trop banal ), qui a défrayé la chronique dans les années 70-80. Il s’appelait Clark Olofsson – avant qu’il ne troque son nom contre Daniel Demuynck -, il avait une mère dépressive et un père violent, le genre d’homme geignard et méchant, mais perdu dans son « monde ».
Un jour, il décide de surprendre son fils avec un cadeau d’anniversaire, il lui offre ce qu’il estime, sincèrement, être une belle surprise. Un flingue, un vrai. Et puis, pour prouver qu’on peut jouer avec les armes « non armées », il tire sur sa femme ( la mère de Clark ) et, manque de bol, l’arme étant bien chargée, madame est blessée, les enfants ( dont Clark ) sont au bord de la syncope, la caméra tremble. Tout le monde a mal à la rate, sauf le père qui s’emporte, pousse son fils, renverse la table… Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas encore eu la bière qu’il avait demandée à sa femme. Ca vous donne le ton ?
Netflix a voulu nous changer des studios d’AB Production et faire un peu de psy. On plonge, en apnée, dans la vraie ( ou fausse ) histoire de Clark Olofsson, l’homme à l’origine du syndrome de Stockholm ( J’y reviendrai ), qui a passé la moitié de sa vie au trou, sans jamais avoir tué personne.
Pas faute d’avoir essayé : une fois, il a planté un homme plus d’une quinzaine de fois avec un couteau. On en sait par quel miracle, l’homme a survécu. Une autre fois, il a tiré sur un policier, à bout portant. Le reste du temps, Clark Olofsson s’est adonné à son loisir favori : braquer les banques, s’envoyer en l’air, puis re-braquer les banques et séduire encore des belles proies, manipulées, « sautées », puis abandonnées… comme s’il ne les avait jamais rencontrées. Bilan : 6 enfants – avec 4 femmes différentes -et un paquet de banques cambriolées.
Le plus connu est le casse de Stockholm, à l’origine du syndrome de Stockholm. Ce n’est pas Clark qui l’avait monté, mais son grand admirateur et ancien compagnon de cellule, Jan Erick Olsson, le genre de gars très psycho-rigide et trop frustré de n’avoir été qu’un « voleur de poulets », toute sa vie.
Un jour, il s’attaque à l’une des banques les plus sécur. de Suède, prend en otage quatre employés et ne veut pas en démordre tant que ses deux conditions ne sont pas honorée: lui livrer 3 millions de couronnes dans le coffre d’une Mustang. Et libéré Clark.
Bien sûr, comme il est friand de nouvelles aventures, Clark a accepté le deal proposé par la police – sur ordre du premier ministre : libérer les otages contre un assouplissement de ses conditions de détention.
Sans grabuges, il tire tout le monde d’affaire et réussit ainsi à descendre dans le cœur des otages, mais aussi dans celui du peuple suédois, qui l’a clamé en héros. D’où le syndrome de Stockholm, qui a révolutionné les livres de psy.
Cette histoire est restée gravée dans le marbre et la série s’y est attardée jusqu’à l’overdose. On le voit notamment mettre de l’ambiance avec les otages, commander des plats chez le traiteur ou se moquer « fraternellement » des flics, avec son fou rire de moteur hésitant.
Vrai ou faux, on ne sait pas tout, mais il est reparti avec les trois objectifs qu’il s’est fixés, en acceptant l’offre de la police : devenir un héros national, détourner un bon pactole et s’envoyer en l’air avec une otage.
Ce ne serait pas raisonnable de gâcher le suspens, mais livrons quand même ce détail : juste après la fin du casse, Clark a été reçu par le premier ministre, qui a tenu à le rencontrer pour lui rappeler combien il le méprisait. Mais avant de partir de là, pour rejoindre sa cellule, il a eu le temps de siroter un cocktail – en tapant sur l’épaule du politicien -, avant de s’échapper dans le salon pour « grimper aux rideaux » et de faire encore quelques pas dans le couloir pour récupérer le butin de son casse.
On ne dira pas plus, mais Clark Olofsson, mi-clown, mi-criminel, est un homme très imaginatif, bien en avance sur son temps. Il avait toujours une petite combine pour faire tomber une femme, se remplir les poches, voyager, se procurer un diplôme universitaire ou pour s’évader de prison.
Quelques fois, il a provoqué lui-même ses propres arrestations, pour retourner au trou, à seulement quelques jours de la fin de sa peine. Il disait : « Je n’ai jamais vraiment travaillé, car je n’ai pas le temps à cela. Je devais d’abord m’amuser ».
En prison, Clark s’est toujours « amusé » à trouver des subterfuges pour tromper la vigilance des gardiens. Il est arrivé même jusqu’à initier un mouvement social national, qui lui a permis de s’évader.
Dehors, Olofsson a enchainé les épisodes baroques, comme cette partie de jambes en l’air qu’il avait improvisée dans un train – et sous les yeux des passagers – ou encore cette scène hilarante qui le montre en train de boxer une tempête, en pleine mer.
Tout était jeu : braquer, faire un enfant, jeter un ami, aller en taule, prendre la malle, retourner en prison, voyager, trafiquer, se porter pâle à sa cérémonie de mariage, mentir, se mentir… Sa vie entière était une comédie. Un roman qui dépasse la fiction.
Dommage qu’au dernier épisode, Netflix a péché par excès de « psychologisation » et de scènarisation. Ca gâche le « voyage » !