Le Correspondant

La vérité sort du ring – et du caryotype

Pendant des années, la boxe féminine s’est débattue comme une mouche dans un bocal : entre règlements flous, secrets médicaux bétonnés, et coups de coude diplomatiques. Résultat ? Un noble art devenu cabaret de non-dits, où les chromosomes se cachent derrière des rideaux d’hypocrisie, et où l’on triche à l’humanisme comme d’autres à la belote.

 

Mais voilà qu’un vent de transparence souffle sur les rings. Pas un petit zéphyr : un cyclone bureaucratico-biologique. Et dans l’œil de la tempête, des boxeuses et des fédés. En tête de gandole, Lin Yu-ting, ex-championne olympique et caryotype XY confirmé. Lors du Thailand Open 2025 qui vient juste de se terminer à Bangkok, elle n’a pas été autorisée à enfiler les gants . Motif ? Pas de règlement flou cette fois, mais un vrai refus médical, servi chaud par la Fédération thaïlandaise.

World Boxing : transparence ou coup monté ?

Au même moment, au Pays-Bas, même scénario : la World Boxing (elle reprend la relève de L’IBA dans de nombreux pays) s’apprête à sortir l’artillerie lourde : aucune boxeuse n’ira fouler ses rings, si elle ne se soumet pas à un test de caryotype obligatoire, avec publication des résultats à la clef. Premier test grandeur nature ? Le tournoi d’Erdoven, du 5 au 9 juin. Et surprise, qui est sur la liste ? Imane Khelif. Oui, la Khelif. Celle dont le profil XY avait fait tousser les algorithmes du CIO à Paris, et que la fédération algérienne avait planquée derrière le bouclier du « secret médical ». Version officielle : rien à signaler. Version officieuse : alerte rouge au plus haut niveau.

 

Panique au sommet à Alger

À Alger, on se croirait dans un film de série B : réunions d’urgence, téléphone rouge entre le ministre des Sports et la fédé, et une terreur commune que le test d’Erdoven ne transforme le secret en bombe atomique. Mais trop tard : Khelif est inscrite, le règlement est publié, et l’ADN n’a pas encore appris à mentir. Reculer ? Ce serait avouer. Avancer ? C’est risquer l’explosion médiatique. Entre deux uppercuts, les institutions sportives algériennes sont KO debout.

 

Le CIO, les tractations et les petits arrangements entre ennemis

Mais ne vous y trompez pas : tout ça sent moins le souci de l’éthique que la cuisine électorale. Car selon nos indiscrétions bien indiscrètes, on aurait proposé à la World Boxing un petit échange de bons procédés : un peu de tolérance sur le cas Khelif… contre un soutien de personnalités algériennes pour sa reconnaissance par le CIO. Un vote ici, une exclusion là, et hop, le tour est joué.

 

Pour l’instant, la WorldBoxing, toute gonflée de bonnes intentions, n’a pas encore mordu à l’hameçon. Méfiance ? Frilosité ? Ou juste le temps de consulter son service com’ avant de faire mine de jouer la transparence ?

 

Car si l’affaire semble boxer dans la catégorie « éthique et équité », le match pourrait vite virer au gala politique. À moins que l’organisation ne décide de monter sur le ring de la sincérité, grande absente des sports de combat et pourtant promue nouvelle reine du bal chez les féminines.

 

Mais attention : quand la transparence devient un levier de contrôle, une monnaie d’échange ou un p’tit outil de pression bien planqué sous la ceinture, ça sent plus le coup fourré que la noble cause. En clair : on n’est plus vraiment dans les règles du noble art, mais plutôt dans une partie de Risk à coups de gants dorés.

 

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