Péchier, le poison dans la seringue blanche

Accusé d’avoir empoisonné 30 patients, dont 12 mortellement, l’ancien anesthésiste Frédéric Péchier comparaît à partir de ce lundi 8 septembre devant la cour d’assises du Doubs. Huit ans après le début de l’enquête, ce procès hors norme lève le voile sur une figure médicale aussi brillante que troublante, où le scalpel de la justice devra trancher entre vengeance, manipulation et déni total.

 

Ce lundi 8 septembre, un théâtre judiciaire hors norme s’ouvre à Besançon. Pendant plus de trois mois, la cour d’assises du Doubs va décortiquer l’un des plus grands scandales médicaux français de ces dernières décennies : le procès de Frédéric Péchier, ex-anesthésiste star et aujourd’hui paria, accusé d’avoir empoisonné 30 patients — dont 12 sont morts.

Un médecin, un poison, trente corps. Une affaire qui sent le chloroforme et l’orgueil.

 

L’ange blanc, version toxique

Frédéric Péchier, 49 ans, était décrit comme brillant, compétent, attentionné. Mais aussi manipulateur, orgueilleux, et « magouilleur de première ». En blouse blanche, il rassurait. Dans les coulisses, il divisait. Dans la salle d’op, il aurait joué avec la vie. Entre 2008 et 2017, à la clinique Saint-Vincent de Besançon et à la polyclinique de Franche-Comté, des patients ont fait des arrêts cardiaques inexplicables. Les seringues, les poches, les lignes ont été analysées : certains étaient contaminés à haute dose de potassium, d’insuline ou d’anesthésiques.

 

Scénario d’épouvante : les empoisonnements survenaient dans des moments tendus, souvent lorsque Péchier n’était pas directement en charge du patient. Mais toujours, comme par hasard, il était là pour « sauver » ou intervenir. L’hypothèse du pompier pyromane ? Non. L’accusation parle plutôt de vengeance froide, d’un homme qui aurait voulu faire payer ses collègues, ses humiliations, ses conflits internes — au prix du sang.

 

L’égo en overdose

Né dans une famille de médecins, Péchier a grandi avec une blouse blanche déjà cousue à son destin. Mais sous la blouse, des fissures : une enfance vécue comme une frustration affective, deux tentatives de suicide, un diagnostic de sarcoïdose, des antidépresseurs qu’il se prescrit lui-même. Et surtout, un besoin maladif de contrôle. « Il ne supporte pas la contradiction », disent les avocats des parties civiles. « Il veut avoir un public. Exposer sa vérité. » Mais une vérité sans preuve tangible d’un tiers coupable.

 

Le paradoxe ? Aucun expert psychiatrique ne décèle chez lui une pathologie mentale grave. Pas de paranoïa, pas de perversion diagnostiquée, pas de narcissisme exacerbé. Juste… un homme à double visage.

 

Docteur Jekyll et Monsieur Hypocrate

Certains l’adoraient : compétent, attentif, presque paternaliste. D’autres l’évitaient : arrogant, envahissant, asocial. Entre ces deux facettes, le fossé est abyssal. Un médecin qui pouvait endormir vos enfants, vos parents, ou vos collègues. Un homme que certains confrères choisissaient eux-mêmes comme anesthésiste. Et d’autres, comme Catherine Nambot, soupçonnaient de tentative d’empoisonnement après qu’un simple changement de poche d’anesthésie se soit soldé par un décès.

 

Les zones d’ombre s’empilent comme les dossiers médicaux. Des fraudes à l’assurance, une tricherie au golf, des conflits internes qui dégénèrent. Rien n’est prouvé pour l’instant, mais tout s’accumule.

 

Un procès pour l’histoire

Frédéric Péchier nie en bloc. Il se dit victime d’un complot médical, d’un règlement de comptes interne, d’un acharnement judiciaire. Il veut « mourir innocent », selon ses propres mots après une tentative de suicide. Dans son livre « Le Temps qu’il lui reste », il se met en scène, dans une ultime tentative de contrôle narratif. Mais dans les travées du tribunal, ce sont les familles des victimes qui attendent une autre vérité — moins littéraire, plus judiciaire.

 

Huit ans d’enquête, des milliers de pages de dossiers, et une seule certitude : si les faits sont avérés, c’est un médecin qui a retourné son savoir contre la vie. Une trahison plus toxique que le poison.

 

Le dernier souffle de l’innocence

Frédéric Péchier risque la perpétuité. Il a déjà tout perdu, dit son avocat : son travail, sa famille, sa réputation. Il ne lui resterait que sa liberté. Et un verdict qui décidera s’il est victime d’un délire collectif… ou le monstre glacé qui rôdait dans les blocs opératoires de Besançon.

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