REVELATIONS LE CORRESPONDANT. Candidat aux législatives à la 8ème circonscription du Var, Rayann Mouslim ( Renaissance ) avait commencé à faire ses classes politiques sur le campus de l’université de Toulon, où il a été accusé de fraude électorale. Retour sur une histoire peu glorieuse.
Même les candidats de Renaissance peuvent avoir un passé sulfureux et pas seulement ceux du RN ou du Front Populaire. Ah, non, nous dira-t-on. Surement pas ces petits jeunes frais et cleans, souvent issus des grandes écoles, contrairement aux vieux briscards de la droite traditionnelle ou du Parti Socialiste, au CV bien garni dans les coups tordus politiques et électoralistes.
Mais sait-on qui est Rayann Mouslim, ce candidat sorti du chapeau et chargé de sprinter aux cotés de Philippe Shreck ( RN ) et du Front Populaire aux législatives de dimanche prochain, à la 8ème circonscription du Var, à Draguignan ?
Eh bien, on ne sera que peu étonné que bon nombre d’électeurs n’ait jamais entendu parler de lui. Car Mouslim n’a jamais vraiment réussi à arpenter les coursives nationales de son parti, tels que les autres amants de la France macronienne, devenus ministres. C’est un varois qui est resté dans le Var. A peine avait-il réussi à tenir deux ans à la tête de la direction régionale du parti, il a retrouvé l’anonymat, comme si la marque politique de la régionalité lui collait aux trousses.
Et pourtant… ce n’est pas l’ambition qui lui fait défaut. A l’époque où il était jeune étudiant à l’université de Toulon, il avait fait feu de tout bois pour descendre dans le cœur des étudiants et prendre le Conseil de sa fac. Mais pour ramasser ces étudiants que d’autres prenaient avec leur projet, Mouslim aurait préféré passer par la porte dérobée : celle du bourrage des urnes.
C’est ce que lui reprochait son adversaire en 2019 : avoir truqué une procuration pour faire le plein des voix. Mais face aux journalistes, auxquels il s’est confié à l’époque, Mouslim n’en revenait pas de ces plaintes de mauvais perdants. Jamais, a-t-il juré, les yeux dans les yeux, façon Cahuzac avant Cahuzac, il y a affaire dans “ cette affaire”. Jusqu’au plus profond de ses fibres, il se disait “confiant et innocent”.
Mais le 14 juin, cette confiance de minot est désavouée par le directeur de son établissement qui est sorti de ses gonds et ouvert une commission disciplinaire. Décidé à tordre la triche, jusqu’à appeler l’étudiant à l’origine de la procuration pour éclairer les faits.
Ce jour-là a été crépusculaire pour le gosse. Le titulaire de la procuration, devant une ribambelle d’étudiants, n’est pas passé par mille chemins pour remettre les pendules à l’heure. Oui, il a signé une procuration. Une seule. Et cette procuration a pour consigne de voter, non pour Mouslim, mais pour son adversaire.
A partir de là, Rayann Mouslim devient ce pré-macroniste qui voulait le pouvoir, avec un papier bidon aux apparences réglo. Jamais, depuis ce jour, Mouslim, le leader étudiant, n’est remonté à l’assaut pour parler les yeux dans les yeux. Face aux journalistes, il devient muet. Le moulin à parole fait vœu de silence. Mais, en douce, il a porté l’affaire devant le tribunal administratif de Toulon et l’on ne sait par quel numéro de magie il est parvenu à convaincre les juges de lui donner raison.
En revanche, rien n’a plus jamais fuité sur son passage en conseil de discipline. Ses casseroles toulonnaises ont disparu par magie ( là encore ), depuis qu’il abandonné son jean d’étudiant contre le costard de l’apprenti politique – prêt à plier le genoux pour un poste lucratif.
En Marche a modifié en profondeur son parcours de futur avocat, séduit par cette force de frappe politique, autant capable de galvaniser les siens que de braconner dans les bastions adverses. Car En Marche, c’était aussi une affaire de « randonneurs » qui voulaient le pouvoir. Avec de la démago et des bulletins bidon, Mouslim serait le bon…
C’est ainsi qu’en 2020, il devient un “ Macron Boy”, chargé de dégainer son bâton de « magicien des urnes » pour dessouder l’adversaire. Mais jamais investi à une candidature… .
Alors, à son corps défendant, ou pas, il s’est mis à titiller les limites, ne pouvant plus supporter sa marginalité politique. On l’a vu souvent se recycler au milieu des ultras de la droite, là où trottinent les anciens de l’Algérie française et les nostalgiques de la France puritaine.
On l’a vu rafler la présidence du Rotarac, le bébé du Rotary club, une bande de poteaux estampillés extrême droite, lorsqu’ils ont confié les rênes à Pierre Vallagnosc (la présidence a changé depuis une toute petite semaine), un marchand de godasses aux idées Schreko-compatibles, qui avait usé ses semelles à force de travailler à la candidature de l’extrême droite, au Municipales de 2020, à Draguignan.
On l’a vu se ranger derrière Cathy Vanturino-Gabelle de Barjols, fière de son élection à la tête du village et heureux de partager son soutien avec les Pandores de l’extrême droite: Philippe Schreck, Didier Bremond de Brignoles (qui aime prendre la pose avec Frank Giletti du RN) ou encore Julien Argento, qui a abandonné le marine bleue du LR pour rejoindre la marrée bleue de Marine.
On a pu le voir également pousser sa cavalcade jusqu’à se présenter sur la liste de l’actuel maire de Draguignan au Municipales de 2020, mais sans parvenir à s’asseoir à la table des « grands »… du bas de sa 37ème position.
Il faut dire que la place du vrai chef lui a toujours échappé, comme s’il était condamné à n’être qu’un valet politique, obligé de tenir la baraque tel un invité toléré, mais jamais accepté.
Aujourd’hui, avec sa candidature aux législatives de dimanche prochain, c’est la première fois qu’il devient un monsieur important. Investi par le parti au moment où il est en train de décrocher, comme pour le faire sortir par là où il est entré. C’est à dire… par la toute petite porte.
Modification et précisions apportées dimanche, 30 juin 2024, à 09h41 :
–” Rayann Mouslim a été définitivement relaxé en disciplinaire” , a écrit son ami, Louis Ricard, sur Facebook, bien après la publication de notre enquête. Le Correspondant n’a pas pu vérifier cette information. On sait juste que Rayann Mouslim est devenu vice-Président étudiant en septembre 2019 et qu’à cette date, soit plusieurs mois après les faits, l’Université de Toulon n’avait toujours pas produit le procès-verbal de l’incident. Curieusement…)
Modifications du 1er juillet 2024 :
Contacté par Le Correspondant, Roque Oppenhein, vice-président Etudiant, à l’Université de Toulon, confirme les propos de Louis Ricard : ” Il a été relaxé”. Mais Bruno Chappelo, qui était son opposant aux élections en 2019, nous donne un autre son de cloche : ” Rayann Mouslim a poussé l’affaire jusque devant le Conseil Supérieur de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ( CNESER ), qui est une sorte de Cour d’Appel des Universités. Et s’il a introduit une requête en appel, c’est qu’il est peu probable que la commission de discipline de l’Université ait tranché en sa faveur”.
Modification du 24 juillet 2024 :
Rayann Mouslil a contacté le Correspondant, via la messagerie Facebook, pour nous préciser que ce n’est pas lui qui a saisi le CNESER, mais bien l’Université de Toulon. Il affirme également avoir été relaxé dans cette affaire de procuration. Pour preuve, il nous envoie deux extraits du jugement rendu par le CNESER, en 2022.
Le Correspondant n’a pas pu vérifier la la motivation de ce jugement. Malgré nos demandes répétées, Mouslim refuse de nous fournir le jugement du CNESER dans son intégralité et s’interdit, avec autant d’énergie, de nous présenter celui de la commission disciplinaire de l’Université de Toulon, qui l’avait jugé en première instance. Ces deux documents auraient permis d’avoir une vision d’ensemble sur les débats et sur les décisions rendues. Alors… pourquoi ce jeu de cache-cache ? Que s’escrime-t-il à cacher ? Avait-il été condamné en première instance et relaxé en appel… pour vice de forme ? Le Correspondant, nous l’espérons, vous apportera la réponse prochainement.