Le Correspondant

Chine-Usa : oeil pour oeil, taxe pour taxe

Donald Trump surtaxe à tout-va, Pékin ne plie pas : les deux géants s’envoient des milliards en représailles douanières comme d’autres balanceraient des tweets rageurs. Derrière la farce, un monde économique au bord du vertige.

 

Dans cette guerre des nerfs douanière, les gants sont tombés, les tweets claquent, et les surtaxes pleuvent comme en 1929. Pékin et Washington, deux bulldozers face à face, s’enfoncent un peu plus chaque jour dans le sable mouvant d’un duel économique où la stratégie ressemble à une partie de bras de fer sur fond de crise de nerfs.

 

Ce lundi, Donald Trump, de retour dans le bureau ovale et plus majuscule que jamais sur Truth Social, a dégainé une nouvelle salve : +50 % de droits de douane supplémentaires sur les produits chinois, « si la Chine ose répliquer ». Résultat : une surtaxe totale de 104 %, soit plus que le taux d’approbation combiné de Trump et du Parti communiste chinois.

 

Le président américain a visiblement lu Adam Smith à l’envers : pour lui, le protectionnisme est une arme de dissuasion massive. Et gare à ceux qui tenteraient de le faire reculer : « La Chine ne m’a pas écouté. Elle va le regretter. ».

 

Mais Pékin, coutumier des jeux d’échec à quinze coups d’avance, ne compte pas plier devant les fulminations capillotractées de la Maison Blanche. Le ministère chinois du Commerce, d’un calme glacial, a rétorqué ce mardi : « La Chine n’acceptera jamais cela. Nous combattrons jusqu’au bout. » Traduction : vous vouliez une guerre commerciale ? Vous allez l’avoir. Avec le sourire asiatique, mais l’acier dans le gant de velours.

 

Les Bourses en chute libre

Pendant que les dirigeants s’échangent des sanctions comme des cartes Pokémon, les marchés mondiaux tanguent. Hongkong s’est effondrée de 13 % lundi — pire qu’en pleine rétrocession en 1997 — tandis que la Bourse de Paris a bu la tasse avec un -4,78 %, son plus mauvais score depuis trois ans. L’Europe regarde le brasier transpacifique comme un badaud devant un incendie : fascinée, impuissante, inquiète pour sa propre maison.

 

À Wall Street, l’ambiance oscillait entre valium et red bull : un Dow Jones en repli de 0,91 %, un S&P 500 qui se tient à peine, et un Nasdaq qui sauve les meubles avec un maigre +0,1 %. Comme si la Silicon Valley continuait de danser pendant que le reste du navire prend l’eau.

 

Les dés sont pipés, mais tout le monde continue de jouer

Ce matin, l’Asie panse ses plaies. Tokyo rebondit de 6 %, comme un boxeur qui refuse le K.O., et Séoul s’offre un maigre répit à +1,72 %. Personne ne sait jusqu’où cette escalade va aller. Les experts haussent les épaules. Les diplomates bricolent des communiqués à géométrie variable. Et les consommateurs américains s’apprêtent à payer leurs gadgets chinois deux fois plus cher.

 

Une guerre économique ne fait pas de morts, dit-on. Mais elle ruine des industries, assèche des alliances, réveille des nationalismes, et jette un peu plus le monde dans un brouillard instable. Un monde où un tweet présidentiel vaut un krach, et où les décisions se prennent comme des uppercuts.

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Full Moon

Borderline est une émission du Correspondant, présentée par Tristan Delus. Cette fois, il vous emmène en mer de Chine, à la découverte de l’une des fêtes les plus folles du monde, pour la pleine lune : la Full Moon Party. Chaque mois, ils sont des milliers à s’y rendre, ils viennent de France, d’Amérique ou du Moyen Orient. Avec une seule règle : s’éclater jusqu’au lever du jour. Et sans modération !

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