80% de la péninsule sud-coréenne était analphabète dans les années 60. Aujourd’hui ? Ses étudiants sont propulsés en tête des classements internationaux. Mais ce n’est là que la face visible de l’iceberg. En Corée, la vie d’étudiant est loin d’être rose, c’est même plutôt un calvaire …
Commençons par quelques chiffres : 70% des 24-35 ans ont achevé des études supérieures, plus de 83% des coréens de 5 ans fréquentent les établissements privés. Un miracle, quand on connait la culture de Confucius, longtemps écrasée par le communisme en Chine. En Corée du Sud, c’est elle qui a permis de relancer le pays, après la colonisation japonaise de 1910 et la guerre contre la Corée du Nord, en 1950,
Dès la tendre enfance, le rythme est sans relâche : chaque coréen se doit d’étudier de 8h à 17h, puis d’enchaîner sur le Hgwon (tutorat privé) jusqu’à 22h. Puis sur des cours particuliers et les devoirs … jusqu’à minuit ou 2h du matin. C’est ainsi du collège au lycée. Toute l’année. La moyenne de sommeil des lycéens est de … 5,5h par nuit. Même le week-end ou pendant les vacances scolaires, les élèves n’ont pratiquement pas de loisirs ou de temps libre. Question d’objectif… final : l’examen de passage à la fac, réservé uniquement à ceux qui … dorment tard.
C’est le suneung. Une abréviation coréenne du CSAT (College Scholastic Ability Test), qui est une sorte de bac (ou plutôt du SAT américain) sous forme de QCM. Enfin, c’est davantage un véritable examen d’entrée à l’université (avec un classement) qu’un baccalauréat. Pour avoir une place dans la meilleure fac, on ne vise pas la moyenne mais l’excellence. Donc, pas de place au « passable » ou « satisfaisant ». Certains préfèrent même redoubler que d’avoir une petite moyenne. Les lycéens, les familles, les entreprises, la société n’ont que « trois lettres » en tête : SKY.
Traduction : Seoul National University (SNU), Korea University et Yonsei University. C’est en quelque sorte l’équivalent coréen de l’Ivy league américaine, regroupant notamment les universités de Yale, Harvard ou Stanford. Y être étudiant, c’est l’assurance d’une formidable aura et un ticket d’accès à un emploi bien rémunéré chez Samsung, Hyundai ou LG.
L’enjeu est de taille. Au mois de novembre de tous les ans, date du fameux concours, c’est toute la péninsule qui retient son souffle. Les aéroports restreignent leurs vols, les travaux de voirie sont suspendus, les entreprises décalent leurs horaires, pour favoriser le déplacement des candidats. Rien ne doit perturber les adolescents: il arrive même que les policiers transportent les lycéens pour leur éviter un retard à l’examen. Sur les 600 000 candidats au suneung, seul 2% iront à SKY …
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