Le Correspondant

Algérie : 1 140 migrants largués en plein désert, sous 45°C, à pied et sans eau

À force d’ignorer les cris étouffés du désert, l’Algérie semble avoir trouvé sa méthode pour “réguler” les flux migratoires : les disparitions à ciel ouvert. Souvent de nuit, des hommes, des femmes et même des enfants sont expulsés vers le néant saharien. Sans procès, sans papiers, sans eau. 

 

Bienvenue à la frontière sud de l’inhumanité. Plus de 1 140 migrants ont été expulsés manu militari par l’Algérie, largués comme des colis indésirables à « point zéro », un no man’s land brûlant aux confins du Niger. Là, sous un soleil de plomb et sans un bidon d’eau, les exilés n’ont qu’une option : marcher quinze kilomètres à travers le sable jusqu’à Assamaka, première bourgade nigérienne et dernière illusion d’accueil. Selon le collectif nigérien Alarme Phone Sahara, l’opération s’est déroulée en toute discrétion, sans témoin – sauf les survivants.

 

Des migrants subsahariens pour la plupart, mais aussi quelques Bangladais : l’échantillon de la misère mondiale. Jetés là, sans abri, sans soins, sans rien. Les autorités algériennes continuent d’expulser à la chaîne. Rien que pour le mois d’avril 2025, près de 4 000 personnes ont afflué vers Assamaka, selon le rapport d’Alarme Phone Sahara.

 

2025 : déjà des milliers d’expulsions

On ne parle plus de refoulements, mais de transferts punitifs. La scène se répète, mois après mois : arrestations à Tamanrasset, regroupements en zone tampon, puis le désert pour seul horizon. Beaucoup n’ont d’autre choix que de supplier l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ou une ONG pour un « retour volontaire » dans leur pays d’origine – entendez : un rapatriement honteux après un exil inutile. Entre-temps, ils survivent dans des camps surchauffés, affamés, sans hygiène, ni statut.

 

L’année 2024 avait déjà battu des records, avec plus de 30 000 expulsions recensées. Mais 2025 semble bien partie pour faire pire : rien qu’en avril, près de 4 000 personnes ont été larguées à la frontière nigérienne, selon Alarme Phone Sahara. La cadence s’accélère, la logique s’installe. On n’expulse plus, on déverse.

 

La communauté internationale en mode avion

La communauté internationale regarde ailleurs. Pas de résolution, pas de communiqué, pas de sanctions. Peut-être que le sable du Sahara a aussi recouvert sa conscience. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies a bien émis une « préoccupation », en octobre 2023, mais aucune suite concrète n’a été donnée. Sur place, seules quelques ONG documentent l’indocumentable, dans l’indifférence générale.

 

Deux poids, deux mesures

D’un côté, un régime algérien qui expulse à tour de bras et sans sommation. De l’autre, une France empêtrée dans ses propres contradictions migratoires, incapable de renvoyer les ressortissants algériens sous OQTF – en raison, entre autres, du refus d’Alger de délivrer les laissez-passer consulaires. Ironie cruelle : pendant que l’Algérie jette les siens hors de ses frontières, elle refuse de reprendre les siens d’Europe. C’est le grand jeu de la diplomatie asymétrique : qui tient la frontière tient le chantage.

 

Et pendant ce temps, dans le désert, les silhouettes continuent d’avancer. Ou de tomber.

Leco en image

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Borderline est une émission du Correspondant, présentée par Tristan Delus. Cette fois, il vous emmène en mer de Chine, à la découverte de l’une des fêtes les plus folles du monde, pour la pleine lune : la Full Moon Party. Chaque mois, ils sont des milliers à s’y rendre, ils viennent de France, d’Amérique ou du Moyen Orient. Avec une seule règle : s’éclater jusqu’au lever du jour. Et sans modération !

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