Le Correspondant

Rithy Panh : L’art de creuser les fosses du silence

Avec Rithy Panh, le cinéma ne se contente pas de raconter l’histoire : il exhume les fantômes, rouvre les plaies et s’avance dans les couloirs obscurs du génocide cambodgien comme un survivant revient sur les lieux du massacre. Dans « Rendez-vous avec Pol Pot », le cinéaste cambodgien revisite, en la distordant volontairement, une rencontre aussi absurde que sinistre entre des Occidentaux naïfs et l’un des plus grands criminels du XXe siècle. Plus qu’un film, une radiographie du vide humain laissé par les Khmers rouges.

 

Depuis plus de vingt ans, Rithy Panh, né en 1964 à Phnom Penh et rescapé du cauchemar khmer rouge, s’acharne à exhumer ce que le monde préfère oublier : le gouffre cambodgien, creusé par Pol Pot et ses apôtres de la mort. Ce n’est pas seulement une œuvre de mémoire qu’il poursuit, c’est un combat contre l’effacement, une résistance contre l’amnésie volontaire des nations. Deux millions de morts en quatre ans — un quart de la population — et pourtant, combien de films ? Combien d’images, au fond, pour dire l’indicible ? Le Cambodge a saigné dans un huis clos, sans caméras, sans témoins, et le monde a détourné les yeux.

 

Rithy Panh les garde grands ouverts. Dès 2003, il plante sa caméra dans les cendres encore tièdes de l’enfer. S21, la machine de mort khmère rouge n’est pas un documentaire : c’est une séance de spiritisme au cœur de Tuol Sleng, l’abattoir urbain de Phnom Penh, dirigé par le sinistre Douch (1942-2020), bourreau bureaucrate, mort dans son lit. Panh y convoque les fantômes, les victimes et leurs bourreaux, dans une mise en scène glaçante où la parole devient aveu, et le silence, crime.

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