Un prof d’histoire qui déborde, une justice qui s’emballe. En niant l’amazighité de l’Algérie, Belghit a déclenché la mécanique lourde d’un État qui redoute autant le silence que le vacarme.
Il y a des mots qu’on ravale. Et d’autres que l’État transforme en affaire d’État. Mohamed Lamine Belghit, universitaire prolixe, historien de plateau, professeur de faculté et panarabiste forcené, a l’habitude des outrances. Cette fois, ses propos auraient pu nourrir un débat utile, susciter une réponse argumentée, voire offrir à l’Algérie l’occasion de clarifier son rapport à l’amazighité. Mais dans un pays où la justice va plus vite que les bus, c’est la prison qui répond désormais aux phrases de travers.
Invité sur Sky News Arabia, Belghit n’a pas seulement déroulé la ligne dure : il a réactivé un vieux fantasme. Selon lui, la reconnaissance de l’identité amazighe n’est rien d’autre qu’une machination franco-israélienne, sorte de “forfaiture sionisto-gaullienne” glissée sous l’écume du drapeau. Le professeur aurait pu s’arrêter là. Mais non. Il a ajouté que les Amazighs « n’existent pas », que « les Berbères sont Arabes », et qu’il est temps que tout ce petit monde rentre dans le rang du panarabisme.
Que des millions de citoyens, en Algérie comme au Maroc, en Libye ou en Tunisie, se réclament de cette amazighité ne semble pas émouvoir le bonhomme. Pour lui, l’histoire n’est pas ce qui se transmet, mais ce qui se gomme.
Et puis, le 3 mai, la machine s’emballe. Le parquet de Dar El Beida ouvre une enquête,
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