A l’occasion de la fête des mères, notre journaliste évoque sa maman, avec dérision et affection. A 25 ans, avec Iphone en poche et trois diplômes universitaires, Marie veut ressembler à sa Mama.
Petite, j’avais toujours eu l’impression que ma mère était grande. Capable de porter la main pour attraper le traîneau du père noêl. Grande, j’ai vu qu’elle était petite. Petit bout de femme, à peine plus petite que moi. Mais mon regard n’a pas vraiment changé : au fond, je sais que c’est une grande femme. Une grande âme. Pas seulement parce qu’elle m’a mise au monde, mais parce qu’elle vient de loin, de l’époque où il était capricieux pour une femme d’exprimer ses désirs, en dehors des clous de notre chère et tendre tradition catholique.
Ma mère n’en avait cure. Elle faisait ce qui lui passait par la tête. Et qu’importe ce qu’en pensera-t-on. Elle était de la trempe de celles qui allaient de l’avant et ne sourcillaient même plus quand elles encaissaient la charge de la société.
Sans bac, sans diplôme, elle a soulevé des montagnes. Elle est souvent allée là où tout le monde l’aurait donnée perdante. Là voici… bibliothécaire, présidente des parents d’élèves, opticienne, secrétaire de direction, directrice d’une maison d’hôte à Marrakech … sans parler un mot d’arabe, ni d’anglais.
Là voici sur les routes : Sénégal, États-Unis, Égypte, Thaïlande, Chine … La liste est longue. N’importe où elle va, elle me glisse dans ses bagages. En route vers toutes toutes les couleurs du soleil, de la lumière, de mer et de la peau. Et c’est surement lors de ces road-trip que je lui ai volée son envie d’aventure.
Volée, ai-je dis ? Non, Martine, c’est son nom, est peut-être Mike Horn au féminin, mais elle est, avant tout, cette maman de quatre enfants, qui donne sans compter. Qui n’attend rien. Sinon, peut-être, que la réussite de ses enfants soit largement au dessus de ce qu’elle a accompli : donc bibliothécaire, présidente des parents d’élèves, opticienne, secrétaire de direction, directrice d’une maison d’hôte à Marrakech … Souhaitez-moi bon courage dans ce challenge, qui me mange les entrailles, depuis que j’ai commencé à me débarrasser des boutons d’ados : lui ressembler, suivre son chemin vers la liberté. Ne jamais être “classique”, ni trop rangée. Enfin, “devenir vieille sans être adulte”…
Voilà pourquoi je me surprends, aujourd’hui, à trembloter quand je manque de “bougeotte”. Toujours en quête de la diversité. Celle qui fait mon monde. Qui fait la ( vraie ) vie… ma vie : ma mère.
Bonne fête maman.