Les élections, ces symboles fragiles de la démocratie, sont désormais en danger en Turquie. Le 24 mars 2025, Bayram Balci, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po, ne mâche pas ses mots sur Franceinfo : « Ce sont les élections mêmes qui sont directement menacées. » Voilà le constat amer du chercheur, et il n’y va pas par quatre chemins. Le cauchemar d’Erdogan se dessine lentement, mais sûrement. Et il est bien plus sinistre que ce qu’il pourrait imaginer.
L’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, a marqué un tournant dans la situation politique de la Turquie, provoquant une vague de protestations dans l’ensemble du pays. Comme l’indique Beyram Balci à nos confrères de Franceinfo, « ce n’est pas qu’un problème d’Istanbul, c’est une alerte pour toute la Turquie ».
Car derrière cette montée en puissance de la révolte, il y a un rejet puissant du pouvoir d’Erdogan, longtemps perçu comme oppressif. Avec l’embastillement du maire d’Istanbul, c’est la voie de la rupture qui semble s’ouvrir, alors qu’à l’origine, Erdogen voulait se débarrasser d’un rival un peu trop populaire et trop menaçant…
Ce faisant, il a réussi à se mettre tout le monde à dos, y compris la crême de la crême de ses fidèles. En témoigne le silence qui prévaut dans ses troupes, au moment où le pays gronde contre lui. Pas de contre-manifestations, seulement un silence pesant, voire approbateur. Au grand bonheur de l’opposition qui se saisit de cette rare occasion pour se fortifier et se fixer de nouveaux objectifs : se diriger vers le point de bascule qui conduira à la chute du Président ?
En tous cas, ce ne sera pas les Européens qui iront à la rescousse. Erdogan est un homme isolé sur la scène internationale. Le Président turc est désormais seul face à son peuple en colère. S’il bascule dans la répression, il risque de s’enfoncer dans l’impasse; s’il cède sous la pression, il perdra son emprise sur le pays. Dans tous les cas, la situation semble lui échapper et son avenir politique est plus que jamais incertain