Le Correspondant

Ukraine : La diplomatie des puissants, le sacrifice des innocents

Coup de colère de Jérôme Bony sur la guerre d'Ukraine

Ce lundi 24 mars, la scène géopolitique mondiale se déplaçait à Riyad, où les États-Unis et la Russie se sont retrouvés pour des négociations jugées « difficiles » par le Kremlin. L’objectif affiché : tenter d’établir une trêve partielle en Ukraine après plus de trois ans d’une guerre brutale et dévastatrice. Mais si les protagonistes se sont réunis dans un hôtel de luxe saoudien, derrière les sourires diplomatiques et les poignées de main se cachent des ambitions bien plus sombres. Dans cette danse des puissants, c’est une fois de plus l’Ukraine, terre martyrisée, qui semble être le pion sacrificiel, ballotté entre les intérêts contradictoires de ceux qui prétendent vouloir « la paix ».

La diplomatie de la compromission : Un cessez-le-feu en mer Noire, mais à quel prix ?

Les discussions ont été menées en toute discrétion, comme il se doit dans ce genre de sommet international. Si l’on peut saluer l’intention de discuter, la réalité des négociations laisse un goût amer. La Russie et les États-Unis, deux géants économiques et militaires, se sont concentrés sur des détails de plus en plus insignifiants tout en laissant l’Ukraine, une fois de plus, en dehors de la boucle. Le point de friction principal : un cessez-le-feu limité à la mer Noire, où la Russie a constamment menacé de perturber l’exportation de céréales vitales pour le monde entier.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a été clair : « C’est avec ce mandat que notre délégation s’est rendue à Riyad ». Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? Qu’en est-il de la volonté de mettre fin à l’horreur en Ukraine ? En apparence, l’accord sur la mer Noire pourrait offrir une sorte de répit temporaire pour l’exportation de céréales ukrainiennes. Mais qu’en est-il des véritables objectifs militaires de la Russie, qui continue à avancer sur le terrain ? Loin d’un cessez-le-feu total, cet accord semble être davantage une manipulation géopolitique qu’un véritable chemin vers la paix.

Trump, Poutine et le jeu de la montre : qui tire les ficelles ?

Au centre de ce ballet diplomatique, on retrouve Donald Trump, une figure controversée du pouvoir mondial, qui semble désormais reprendre les rênes de la politique américaine après son retour en janvier. Sa position sur l’Ukraine, ambivalente et opportuniste, s’est radicalement modifiée. Loin de l’isolement agressif qu’il avait précédemment adopté vis-à-vis de la Russie, Trump affiche aujourd’hui son rapprochement avec Vladimir Poutine, au grand dam des alliés européens et des Ukrainiens. « Je veux mettre fin aux hostilités », a-t-il déclaré, mais son cynisme reste palpable. Le fait que ses émissaires aient négocié en coulisse avec la Russie à Riyad, sans aucune consultation approfondie avec les Ukrainiens, témoigne d’un mépris flagrant des véritables acteurs du conflit.

Les Ukrainiens réduits au silence : l’ombre d’une diplomatie sans voix

Le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, a eu beau qualifier la réunion de la veille de « productive et ciblée », la réalité est bien différente. La « paix juste et durable » qu’il appelle de ses vœux semble se transformer en une illusion façonnée par les États-Unis et la Russie, en dépit des promesses et des discours. L’Ukraine, pourtant la nation la plus touchée par cette guerre, se trouve une fois de plus réduite au rôle de spectatrice, ses intérêts sacrifiés sur l’autel des compromis politiques.

Le pire reste à venir. L’Ukraine, en dépit de sa volonté d’un cessez-le-feu général et sans conditions, se voit de nouveau confrontée à un mur de résistance. Poutine, qui maintient son emprise militaire sur une partie du territoire ukrainien, semble jouer la montre dans l’espoir d’obtenir davantage. Sa diplomatie de la guerre se traduit par un « moratoire sur les bombardements des infrastructures énergétiques » – un cessez-le-feu minuscule et ciblé qui ne reflète en rien l’ampleur de la souffrance infligée à la population ukrainienne.

Des frappes continuent, la réalité de la guerre en Ukraine

Pendant que les diplomates se donnent l’illusion d’avancer, les faits sur le terrain ne laissent aucune place à l’optimisme. Des frappes meurtrières continuent de frapper des régions comme Kiev, Kharkiv et Zaporijjia, tandis que les infrastructures vitales du pays sont systématiquement détruites. Le chaos qui règne sur le terrain est bien plus que la simple conséquence d’une guerre d’influence : c’est le reflet d’une brutalité géopolitique qui n’a que faire des vies humaines.

L’Ukraine, donc, ne semble être qu’un terrain de jeu pour les grandes puissances. Le « cessez-le-feu » tant attendu dans la mer Noire n’est qu’une fraction de ce que la guerre exige. Pour les Ukrainiens, ce n’est pas la mer Noire qui les empêche de vivre, mais les bombes qui tombent sur leur terre, les morts qui s’accumulent et l’incertitude d’un avenir que personne ne semble vouloir leur garantir.

Le monde face à ses hypocrisies

Cette rencontre en Arabie Saoudite n’est qu’un énième exemple de la manière dont les grandes puissances manipulent la diplomatie pour s’assurer leurs propres intérêts. La Russie joue sa carte de manière pragmatique, gardant les rênes de l’Ukraine dans un bras de fer géopolitique, tandis que les États-Unis, sous Trump, semblent prêts à faire des concessions pour assurer leur influence tout en sacrifiant la souveraineté ukrainienne. Quant à l’Arabie Saoudite, elle s’invite dans ce jeu de dupes, brandissant son rôle de médiateur, mais en réalité, elle cherche surtout à tirer profit de la situation pour renforcer ses propres alliances.

En fin de compte, le seul perdant dans cette histoire, c’est l’Ukraine, un pays dévasté, son peuple pris en étau entre les ambitions impérialistes des deux superpuissances. Et malgré tous les discours sur la paix et la négociation, c’est bien la guerre qui continue, avec des négociateurs qui semblent plus intéressés par leurs calculs politiques que par la vie des millions d’innocents qui subissent le conflit au quotidien.

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