Quand la boxe devient une arène pour les scandales, il faut savoir encaisser. Et croyez-moi, ce dossier, c’est un uppercut dans le ventre. Prenez un instant pour imaginer la scène : une boxeuse algérienne, Imane Khelif, devient la star mondiale d’une controverse. Les accusations ? Pas un simple excès de testostérone, mais une question de genre. Est-elle une femme ou un homme ? Bienvenue dans un feuilleton plus compliqué qu’un match entre Mike Tyson et un kangourou sous stéroïdes.
L’histoire a éclaté en août 2024, pendant les Jeux Olympiques de Paris, lorsque la boxeuse italienne Engela Carini jette l’éponge face à Khelif. Et là, boum ! Une tempête médiatique mondiale se déchaîne. Trump, Méloni, Elon Musk, tous les gourous de la pensée un peu trop musclée, accusent Khelif d’être un homme. La presse, bien sûr, s’en donne à cœur joie pour lui faire sa fête.
Au Correspondant, on n’y croyait pas une seconde. On pensait, depuis nos vacances en Sicile, que cette histoire venait directement de la faschosphère, ces gens qui n’arrivent pas à comprendre qu’une arabe puisse botter le cul à une blanche. Du coup, sur notre page Facebook, on a brandi la bannière de soutien à Khelif, pensant qu’il s’agissait d’un énième malentendu dans ce cirque médiatique.
Nos titres ne faisaient pas dans la dentelle : « Elle refuse de baisser la culotte », « Soutien à la boxeuse algérienne », avec des photos de Khelif, majestueuse, histoire de bien enflammer la scène. Et puis un jour, tout a changé. Une rencontre, quelques bouts de papiers. Et là, boum ! On tombe sur son dossier médical. D’abord celui d’Alger- de l’höpital de Bab El Oued. À ce moment-là, on se dit : « Ah, donc il y a vraiment du foin sous cette fumée. » On n’a pas traîné et on a continué à creuser. Et là, comme un cadeau empoisonné, on met la main sur son dossier médical français – issu de l’hôpital du Kremelin-Bicètre. Un coup de plus qui nous fait tomber des nus.
En novembre, notre directeur, aussi téméraire qu’un lion en cage (ou carrément dingue, soyons honnêtes), balance un article qui expose… une minuscule partie de son dossier médical. Quelques captures d’écran triées sur le volet du dossier algérien de Khelif (oui, algérien, pas français, et ça, ça va faire grincer des dents). Et, histoire de jouer à fond la carte de la déontologie, on floute tout ce qu’il faut : numéros de dossier, nom complet et, bien sûr, ce qu’elle porte dans le ventre. On n’a pas fait dans la téléréalité médicale. On a écrit, mais on n’a pas exhibé. Pas question de jouer au paparazzi des coulisses de la santé. Et non, non, non, jamais, au grand jamais, on n’a affirmé que Khelif était un homme.
Chacun son genre, on ne va pas se transformer en juge du style. Mais oui, on a eu le cran de répondre à LA question qui fout la migraine : « Est-elle XY ? ». Eh bien, oui, elle n’est pas XX. Et en prime, elle a ce petit défaut génétique charmant qu’on appelle la déficience en Alpha-réductase de type 2. Pour faire simple, elle n’est pas exactement dans la case « femme biologique avec un grand F ». Pas celle d’un homme avec les muscles et les décibels de Stalone. Pas transgenre non plus. Notre but n’était donc pas de faire de la promo pour la « fausse news du siècle » (qui l’accuse d’être un mec), mais soyons honnêtes, c’était bien assez pour ouvrir une boîte de Pandore avec ce dossier.
Une fois publié, on a été complètement submergés. Le sujet a explosé. En quelques heures, il est devenu une véritable machine à buzz, un cyclone médiatique à l’échelle mondiale. Des gros titres partout, des chaînes de télé qui se frottaient les mains. Certains sont allés jusqu’à défendre l’indéfendable, d’autres ont plongé dans l’extrême inverse. Mais qui a foutu le feu à ce bordel géant ? Reduxx, ce journal dont on n’avait jamais entendu parler. Un journal qu’on ne croise jamais dans nos cercles, parce qu’on préfère éviter de picorer dans la même gamelle que tout le monde.
Le Correspondant n’est pas militant. Il respecte tous les genres… Mais là, Reduxx, non content de nous avoir pompé notre info sans même nous citer (ça c’est la cerise sur le gâteau), se permet de nous faire passer pour des partenaires – ou pire, des complices. Et là, ça devient épique. Une certaine presse, bien sûr, n’a pas manqué de se jeter sur l’occasion pour nous éclater. Résultat : on a pris une bonne rouste médiatique.
En tête de gondole, ceux qui n’aiment rendre public ce qui doit être caché : l’Open et le Corriere della Sera n’étaient pas les seuls à se jeter dans une course effrénée pour hurler « fake news ». Non, il y avait aussi Libération, ce journal qui, sous la plume de sa spécialiste… des fake news (nouvelle spécialité chez Libé, un peu comme un chirurgien légiste de l’information), dissèque désormais la moindre virgule mal placée. On pourrait presque leur attribuer un diplôme en anatomie des articles. Et là, Libé a trouvé qu’on avait fait une grosse erreur : on a été repris par un journal dit anti-trans, Redduxx.
Bref, c’est la chasse aux sorcières du journalisme moderne : qui a dit quoi, et avec qui a-t-il parlé ? Le tout sur fond de théories du complot et de procès en sorcellerie médiatique. Comme si nous étions tous les héritiers d’une nouvelle forme de « transphobie moderne ». Le pire ? Ce mensonge bien emballé a renversé la donné : leur fake passe pour vrai et nos notre news passe pour fake. Ce lynchage a donné aux Algériens l’occasion d’agiter le sabre pour nous décapiter.
Le sang a failli gicler quand El Moudjahid, le grand « journal » algérien, s’en est mêlé. El Moudjahid, retenez ce nom, ce n’est pas le Mediapart local. C’est plutôt la Pravda version algérienne, le journal du régime où ça fait boom dans les kiosques à chaque fois qu’un général pète. Vous savez, l’organe de propagande des autorités, celui qui n’a pas de scrupules à censurer la réalité au nom de la patrie.
D’où une idée franchement risible : El Moudjahid, convoque une conférence de presse dans ses locaux. Là, dans un grand numéro, l’avocate de Khelif se lance dans son discours tremblotant. Et sans surprise, voilà qu’elle annonce qu’ils vont porter plainte… mais, bien sûr, en Algérie, ce beau pays où la justice est un jouet entre les mains de la corruption et où les juges obéissent aux ordres. Un petit coup de pression maison, bien sûr.
Et comme si ça ne suffisait pas, notre directeur se retrouve accusé de tous les péchés : traître à la nation, sioniste (toujours pratique ce vieux classique quand on n’a plus rien à dire), indépendantiste, bref, il ne manquait plus qu’un petit coup de l’article 87, ce fourre-tout juridique capable de le conduire tout droit vers les couloirs de la mort.
Mais le message est limpide : en Algérie, pas question de critiquer une Algérienne, même si tu es journaliste français, nourri à la liberté d’expression et aguerri aux enquêtes. Et quand tu as eu le malheur de naître en Algérie, même si tu n’y vis pas depuis des décennies, c’est de la trahison pure et simple, une offense à Sa Majesté. La leçon ? « Tu la fermes, ici ou là-bas. » Le respect de l’ordre prime sur le droit à l’opinion, et c’est ça, la vraie règle de leur système.
Et après la conférence, bien sûr, la presse locale a obéi sans broncher. El Moudjahid, fidèle à sa ligne, n’a pas tardé à dégainer. Six articles incendiaires, rien que ça, sans oublier les chaînes privées, les journaux privés, et les réseaux sociaux qui ont fait exploser la toile. Certains sont même allés jusqu’à suggérer qu’il était grand temps de nous « asséner une vraie leçon ». Merci Libé, La Corrière et Open d’avoir alimenté ce feu.
Au moment où on commençait presque à se demander si on allait décrocher une médaille pour « L’Investigateur du Siècle », on se retrouvait face à des accusations dignes de la Guerre Froide, comme si l’Algérie venait tout juste de découvrir sa Mata Hari. Pendant ce temps, nous, on était là à se dire : « Mais… comment ça se termine cette histoire ? On fait quoi maintenant ? »
La première idée de la rédaction du Correspondant ? Publier le dossier médical de Khelif en entier, histoire de clouer le bec à la meute. Facile, vendeur, et ça ferme le clapet. Mais non, on a choisi une autre voie. Plutôt que de se vautrer dans la facilité, on a décidé de publier ce dossier dans le cadre d’une investigation sérieuse, pas comme un simple appât pour les aficionados du buzz.
La réponse de la rédaction du Correspondant ? Unanimement claire : continuer l’enquête donc. Car si ça pue jusqu’au sommet, c’est qu’il y a quelque chose de bien pourri sous la surface. L’intuition ? Khelif a été protégée par les plus hauts dignitaires des institutions algériennes. Ce n’est plus une supposition, mais une évidence. Et en creusant, on découvre que la triche ne commence pas en 2024, lors des Jeux Olympiques, mais bien plus tôt… en 2019, en Algérie.
Et maintenant, place à la suite. On ne va pas juste vous balancer quelques infos pour faire frémir les foules. Non, on vous livre ce dossier en quatre parties : vous allez découvrir la putridité derrière cette affaire. Chaque page vous dévoilera les dessous les plus sombres : les complices, les complices en chef, les maîtres de la mascarade, les dossiers médicaux – les vrais, les faux. Bref, un strip-tease sordide de la vérité, bien plus dégueulasse que vous ne l’imaginez. Restez bien accrochés, la suite est dans l’édition de mercredi.